un paradis apocryphe

le paradis n'est pas après 

il est dans la vitesse même de l' instant 

quand la phrase s' ouvre et que le temps cesse de peser 

ici rien n est jugé rien n' est séparé 

tout circule dans une clarté vive 

sans tribunal ni promesse 

le corps pense librement 

le souffle écrit avant les mots 

la joie n' a pas d' objet 

elle est l'état naturel de la présence retrouvée 

les anciens mythes se taisent 

les hiérarchies fondent comme neige dans la lumière 

il n y a ni chute ni salut 

seulement une traversée continue du réel devenu lisible 

le langage ne décrit plus il agit il vibre il éclaire 

le bruit du monde se dissout dans une musique rapide et précise 

chaque seconde est pleine chaque silence parle 

le rire fend les vieilles peurs 

l' histoire se replie comme un décor inutile 

ici l éternité n' est pas longue elle est exacte 

elle tient dans le maintenant répété sans fatigue 

le paradis apocryphe ne promet rien 

il est déjà là pour qui sait accélérer sans fuir 

voir sans croire aimer sans posséder 

et laisser passer la lumière sans lui donner de nom

 

A  

Agent secret

Figure centrale et ironique
Celui qui traverse le monde sans être vu
Conscience clandestine de la clarté

B  

Bruit

Fond sonore du monde moderne
Ce qui masque la vérité
Ce contre quoi l’écriture lutte par vitesse

C 

Clarté

Valeur suprême
État de lucidité joyeuse
Non morale non mystique mais vibrante

D 

Désir

Force de connaissance
Moteur du langage
Jamais manque mais excès

E 

Éclair

Moment de révélation
Instant de saisie totale
Toujours bref toujours décisif

F 

Flux

Forme même de l’écriture
Refus de la narration linéaire
Continuité rythmique

G 

Gnose

Savoir direct non dogmatique
Connaissance par traversée
Présence de Jean Spinoza Tao

H 

Histoire

Poids mort
Accumulation de catastrophes
À traverser sans s’y soumettre

I 

Instant

Unité fondamentale
Point d’éternité
Lieu de la joie

J 

Jouissance

Critère de vérité
Rapport direct au réel
Toujours lié au corps et au langage

L 

 
Langage

Matière vivante
Sujet véritable du livre
Capable de penser seul

M 

Musique

Modèle de l’écriture
Polyphonie rythme variation
Mozart Bach Scarlatti

N 

Non-dualité

Abolition des oppositions
Corps esprit monde texte
Tout circule

P  

Présence

Opposée à la représentation
Être là totalement
Condition de la clarté

R 

 
Rire

Arme métaphysique
Démontage du sérieux
Joie active

S 

Silence

Fond du langage
Espace de résonance
Jamais absence

T  

Temps

Non linéaire
Spirale vibration
Présent total

V 

Vitesse

Condition de survie
Intelligence du monde moderne
Style comme accélération

flux immédiat 

clarté nette vitesse pure 

le langage respire seul 

avance sans demander sans expliquer 

le temps se plie dans l instant 

le corps pense 

la phrase danse 

silence actif musique intérieure 

joie sans cause 

rire précis contre la lourdeur

histoire effacée par la présence 

tout circule 

rien ne s oppose 

la voix traverse le bruit accélère 

éclair soudain 

le monde devient lisible 

désir intelligence en mouvement spirale légère 

le texte est là vivant 

sans centre ni fin 

ouverture continue 

passage libre 

énergie claire 

maintenant seulement maintenant encore maintenant

SOLLERS

TERMES CLÉS RÉCURRENTS 

mots aimantés

ces mots reviennent 

comme des points de fixation ou des nœuds énergétiques 

Flux

Voix

Silence

Clarté

Vitesse

Présence

Instant

Jouissance

Corps

Souffle

Musique

Rythme

Danse

Vide

Lumière

Traversée

Retour

Spirale

Éternité

Maintenant

Éclair

Intervalle

Passage

Liberté

Jeu

Désir

Intelligence

Secret

THÈMES MAJEURS RÉCURRENTS

Le temps non linéaire

Présent absolu

Retour cyclique

Simultanéité

Éternité dans l’instant

Temps comme vibration

Le temps 

n’est jamais chronologique mais 

musical spiralé

vertical

Le langage comme force autonome

La phrase comme énergie

Le texte comme corps

Le langage qui pense

Le verbe comme matière

Sollers écrit contre l’idée du langage transparent 

la langue agit jouit

traverse

Le corps pensant

Corps érotique

Corps rythmique

Corps traversé par la pensée

Sexualité comme connaissance

Le corps n’est pas opposé à l’esprit  il est organe de lucidité

La musique comme modèle

Bach

Mozart

Scarlatti

Vivaldi

Jazz

l’écriture vise la polyphonie la variation la fugue

Le rire et la joie

Ironie souveraine

Rire contre la gravité morale

Joie spinoziste

Allégresse clandestine

Le rire est une arme métaphysique

La guerre contre le nihilisme

Contre la tristesse

Contre la plainte

Contre la victimisation

Contre la lourdeur idéologique

Sollers combat la mélancolie contemporaine par la vitesse et la joie

RÉFÉRENCES CONSTANTES 

intertextualité

Philosophes

Spinoza

Nietzsche

Heidegger

Hegel

Descartes

Mystiques et textes sacrés

Évangile de Jean

Gnose

Taoïsme

Bouddhisme zen

Maîtres rhénans

Écrivains

Dante

Joyce

Sade

Artaud

Proust

Céline

Pound

Les citations sont greffées détournées accélérées

MOTIFS SYMBOLIQUES RÉCURRENTS

Le feu

L’eau

Le souffle

La spirale

La mer

Le jardin

La chambre

La fenêtre

Le livre

Le miroir

La voix féminine

L’enfant

L’agent secret

Le complot lumineux

FIGURES NARRATIVES TYPIQUES

Le narrateur sans identité fixe

Le voyageur immobile

L’agent secret de la clarté

La femme initiatrice

L’ennemi invisible

La foule aveugle

Le lecteur complice

AXES PHILOSOPHIQUES CENTRAUX

Non-dualité

Immanence

Joie comme critère de vérité

Pensée contre morale

Intelligence contre opinion

Présence contre histoire lourde

STYLE  FORMES RÉCURRENTES

Flux verbal

Absence de ponctuation Paradis

Accélération syntaxique

Collage de citations

Fragmentation

Répétitions incantatoires

Polyphonie

LEXIQUE IDÉOLOGIQUE CRITIQUE

Sollers attaque régulièrement 

La bêtise

Le ressentiment

La tristesse

Le conformisme

Le moralisme

Les idéologies closes

Le faux sérieux

Le lexique de Sollers forme un système vivant 

langage = énergie

temps = vibration

corps = intelligence

joie = vérité

écriture = passage

il ne s’agit pas d’un vocabulaire descriptif mais d’un lexique opératoire 

chaque mot est une clé un rythme 

une porte

beauté

accord imprévisible
le monde s’ajuste un instant
sans raison suffisante
elle ne s’explique pas 
elle suspend

L’éclat du fragile

elle n’est pas un ordre mais une blessure ouverte un accord passager 

entre l’ombre et le jour

la beauté est l’énigme d’une porte entrouverte  où l’absolu s’invite pour 

un simple séjour

elle ne se possède pas elle est ce qui s’échappe le frisson d’une feuille 

ou l’écume qui meurt

c'est un éclair 

de sens sous la réalité qui frappe

rendant au monde entier sa divine splendeur

désir

tension vers ce qui manque
force sans objet stable
élan qui précède le choix
il met le monde en mouvement
avant même de savoir pourquoi

La soif de l'absent

il est le creux sacré où s'engouffre l'espace cette part de manque qui nous fait 

tenir debout

le désir n'est pas l'objet mais l'élan qui l'efface une quête de l'Autre 

qui nous mène au-delà de tout

vouloir le saisir c'est éteindre l'incendie c'est oublier que l'âme 

ne vit que de tension

 

il est la trajectoire la promesse agrandie le moteur de l'être 

en constante expansion