comment liez-vous
Heinz Wismann
ce
concept à la belle expression
de
Luftmensch
à laquelle
vous recourez souvent
et que vous traduisez par
piéton de l’air
?
Le Luftmensch
terme yiddish passé dans la langue allemande désignait originairement quelqu’un de peu pratique de tête en l’air et qui n’est enraciné nulle part
c’est pour moi l’exacte définition de quelqu’un qui dans une diaspora quelconque entend rester lui-même sur un autre mode que ceux qu’on lui propose
il peut élaborer une existence de funambule et alors toute son adresse consiste à se maintenir en l’air conscient qu’il y a une sorte d’abîme dans lequel il peut tomber à tout moment
dans cette position exposée intermédiaire menacée le funambule ne peut pas se contenter de vouloir rester en repos car alors il serait sûr de tomber
il lui faut bouger en contre-balançant
c’est pour cela que je trouve la barre du funambule et ses deux extrémités si intéressantes : il lui faut constamment jouer de l’une contre l’autre pour se maintenir au milieu
et l’attrait qu’il exerce sur celui qui le regarde est l’attrait qu’exercent toutes les activités artistiques
toute activité artistique
est à la fois
réflexive
voluptueuse
au sens
du pas de côté
et
nécessairement
risquée
seul
le risque intéresse
entre les langues