oh combien invisible
oh combien insaisissable
comme si toute tentative de figuration
était vouée à s’effondrer avant même d’apparaître
ce qui se présente ainsi n’est pas un mystère
pas une énigme à résoudre
mais une réalité sans face
un phénomène qui ne se laisse approcher
que par sa périphérie
on peut en sentir l’approche
un léger déplacement dans l’air
quelque chose qui modifie la texture du moment
mais jamais une forme
l’invisible n’est pas caché
il n’a simplement rien à montrer
il agit en marge
déplace les lignes discrètement
comme une main qui n’effleure pas la surface
et pourtant modifie l’équilibre des choses
l’insaisissable n’est pas absence
c’est présence sans lieu
trace sans support
un type d’existence qui ne demande pas à être tenue
seulement reconnue quand elle traverse le regard
alors on renonce à l’image
non par résignation
mais parce que le monde parfois
s’exprime mieux dans ce qu’il retire
que dans ce qu’il offre













