l’été de gypse
aiguise
ses fers de lance
j’élis
un lieu flagrant et nul
comme
l’ossuaire des saisons
et
sur toutes grèves de ce monde
l’esprit du dieu fumant
déserte sa couche
d’amiante
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
le pergélisol fondu
a libéré le cadavre d’
un renne mort au haut Moyen Âge
au contact de l’air
le renne reprend le cours de sa vie
c’est-à-dire le cours putréfiant de sa longue mort
des spores et des gaz
enfermés dans le cadavre du renne
tout au long de son séjour en dehors de l’espace-temps
se mélangent à l’atmosphère et dérivent
dans les courants froids au-dessus de la banquise
quelques kilomètres plus au sud
un troupeau de rennes
succombe à
un mal inconnu
elle joue
mélancoliquement
avec son lecteur quand JB dresse
une liste
des titres de romans
qui traduisaient son état d’esprit
Le Retour des fantômes
Les Mystères de l’hôtel Chatham
La Maison hantée de la rue du Docteur-Kurzenne
Auteuil 15.28
Les Rendez-vous de Saint-Lazare
Le Bureau de Guy Vincent
La Vie secrète de René-Marco Heriford
A
la lecture de ce
roman
ni tout à fait le même
ni tout à fait un autre
le lecteur vit
un enchantement
et pour bien faire devrait prolonger
cet état en relisant le livre depuis la première page
conscient
des limites de son entreprise
il semble appeler en filigrane à prolonger
le travail de collecte et de mobilisation des énergies
poétiques
les livres
apparaissent
comme des occasions d’offrir
à notre perception
à notre attention et à nos capacités d’action
des configurations singulières
qui sont autant de pistes existentielles
à suivre
la littérature devient
un prisme de mots et de gestes
qui aiguisent la capacité de voir et de parler
de chacun de nous
ainsi
la conduite dans les livres
s’augmente d’
une conduite
avec les livres et par les livres
dans la vie
lila
dans l’appartement
et dans le même temps
lila
dans un bois
lila
sur un sentier
lila
au bord de la mer