David Garcia, studio
- C. : On a toujours copié les oeuvres de ses prédecesseurs, on les a toujours arrachées de leur contexte et citées, on en a toujours fait des prises et des reprises, et c'est ainsi qu'on a fabriqué du nouveau, parfois en le voulant, et parfois sans même le vouloir. Il suffit d'un autre montage, d'une autre logique, et c'est une oeuvre qui commence .
- H. : Oui, c'est la version optimiste. Mais il y a aussi la version pessimiste : ceux qui copient sans rien faire. Ils font semblant d'écrire mais ils n'écrivent pas, ils font semblant de signer mais ils ne signent pas!
- C. : Peut-être, mais comment distinguer entre les deux? Ceux qui se prétendent juges ne sont-ils pas eux-mêmes des menteurs et des faussaires?
- H. : Ah tiens! Je croyais qu'il n'y avait pas de différence entre créateurs et faussaires! L' original ne se confond pas avec sa copie. Moi je crois à cette différence, et je vais même t'en proposer un critère : Il y a contrefaçon quand le texte ne s'arrête pas, quand il reste en continuité avec ses sources. Pour qu'il y ait oeuvre, il faut un arrêt , une délimitation.
- C. : Et qui jugera de l'arrêt? Qui jugera de la délimitation? Qui et quand? Tout texte se greffe sur d'autres textes et y produit des effets inattendus, instables et la plupart du temps impossibles à arrêter. Il s'y consume
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- P. : Les oeuvres sont faites pour être plagiées. Elles appellent le pillage, elles l' exigent , elles demandent qu'on les travaille au corps et n'acquièrent leur statut qu'après que leur contenu ait été greffé dans d'autres oeuvres. Et d'ailleurs une chose qui ne serait ni citée, ni plagiée, ni copiée,existerait - elle encore en tant qu'oeuvre?
- J. : Pas à notre époque. Désormais l'oeuvre a perdu toute autonomie. Plus la législation sur les droits d'auteur se durcit, plus les emprunts se multiplient, plus les sources se mélangent et plus les oeuvres n'existent que par leurs renvois .
source texte Idixa
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