tout le monde
est couché dans l'appartement
silencieux
j'entr'ouvre
la fenêtre pour voir une dernière fois la douce face fauve
bien ronde
de la lune amie
j'entends
comme l'haleine très fraîche
froide
de toutes les choses qui dorment
l'arbre d'où suinte de la lumière bleue
de la belle lumière bleue transfigurant au loin par
une échappée de rues comme
un paysage polaire électriquement illuminé
les pavés bleus et pâles
l'heure divine
les choses usuelles
comme la nature
je les ai sacrées ne pouvant les vaincre
je les ai vêtues
de mon âme et d'images intimes ou splendides
je vis
dans un sanctuaire au milieu d'un spectacle
je suis le centre
des choses et chacune me procure
des sensations et
des sentiments magnifiques ou mélancoliques
dont je jouis.
j'ai
devant les yeux
des visions splendides
il fait doux dans ce lit...
je m'endors