ici même
c’est la lampe
la pomme
la statue d’ivoire
la fontaine
dont il veut entendre la leçon
c’est des fleurs
du petit flacon renversé
de la bougie éteinte
dont il faut se nourrir les yeux
n’en pas être las
regarder
et en écouter la mélodie passagère
le chant fuguant
car tout autour veut qu’on l’écoute
nous dit Rilke
tout autour nous parle
les choses disent quelque chose de nous
nous disent
puisque nous passons
dès lors que nous quittons la terre
constamment
perpétuellement
et qu’elles demeurent seules habitantes
.
Nous ne faisons que cohabiter avec elles
et que passer
nous fugitifs et éphémères
transitoires
dans
un monde d’objets
aussi nous faut-il
nous dit Rilke
être élève des choses du monde
pour mieux en entendre la leçon
demander
comme le fait Rilke
à l’eau de garder souvenir de notre main
qui passera
et quêter
dedans la fenêtre
la part d’ombre
la part de fenêtre
qui sont soudain entremêlées
Rilke
fixe des riens
des vides
des silences
et cherche à faire dialoguer
le visible avec l’invisible
les choses avec des dieux absents
fait
une curieuse
moisson de riens
pour savoir comment aller
l’amble avec le monde qui nous
entoure
rester
à la fontaine davantage
toucher
cet arbre caresser ce banc
n’est-ce pas
le temps où il importe
de prendre
un
contact
subtil et pieux