oui
étrangeté volontaire
je n’ai pas fui les hommes
je me suis seulement retiré du bruit qui les anime
ce que j’appelle solitude n’est pas absence
mais appartenance à ce qui ne demande rien
je me tiens dans une clarté sans visages
où le lien se défait de son poids social
pour devenir simple présence
étrangeté oui
mais consentie
étrangeté qui délivre le regard de la ressemblance
étrangeté comme retour à soi
contrepoint lumineux
après l’étrangeté volontaire après le retrait vient la fidélité au mystère cette nécessité de garder en soi une part d’enchantement non pas comme illusion mais comme respiration de l’invisible
maintenir vifs le mystère et l’enchantement
le mystère et l’enchantement
il ne faut pas tout comprendre
ce qui demeure obscur éclaire autrement
chaque pierre a son mot à retenir
chaque ombre sa lumière non dite
le réel est plus vaste que la pensée
je me tiens à la lisière de ce que je ne saurai jamais
et c’est là que je respire
mystère


