un rêve d’encre et d’obsidienne
64
images surréalistes dans l’esprit d’André Breton
entre illumination convulsive hasard objectif et rêve lucide
chaque image est une porte d’accès
à l’inconscient
1. Un parapluie ouvert sous une cascade de plumes.
2. Un cœur battant suspendu à un fil de télégraphe.
3. Des yeux plantés dans le sable comme des coquillages
4. Un escalier qui descend vers le ciel.
5. Une main d’enfant qui tient un éclair.
6. Une montre qui pleure du lait.
7. Une table qui rêve d’être un oiseau.
8. Des poissons lisant des journaux au fond d’un puits.
9. Une clé qui ouvre la mer.
10. Un violon rempli de lucioles.
11. Des chaises qui poussent dans un verger.
12. Une femme marchant sur des miroirs liquides.
13. Un œil couché dans une fleur de pavot.
14. Un alphabet sculpté dans la neige.
15. Un chat qui fume des nuages.
16. Un train qui sort d’une bouche endormie.
17. Un parapet couvert de visages oubliés.
18. Des statues qui tournent la tête au passage du vent.
19. Une pomme faite de rires.
20. Une porte battante entre deux rêves.
21. Des arbres coiffés de lampes.
22. Un insecte en prière devant un dé à coudre.
23. Une horloge de verre remplie de papillons.
24. Des cendres qui se souviennent du feu.
25. Un homme qui verse de la pluie dans une tasse.
26. Une horloge arrêtée sur le battement d’un cil.
27. Des visages dessinés dans la buée des étoiles.
28. Une rivière qui chuchote des noms oubliés.
29. Un cheval de sel au galop sur la mer.
30. Un miroir qui respire.
31. Des gants posés sur une bouche close.
32. Une échelle appuyée contre la lune.
33. Un corbeau qui écrit des poèmes avec son ombre.
34. Des lampes suspendues à des fils de pluie.
35. Un livre ouvert dont les pages volent vers le nord.
36. Une voix enfermée dans une boule de cristal.
37. Un lit où dorment des saisons.
38. Des dés lancés par un squelette souriant.
39. Une larme gravée sur un galet.
40. Un baiser imprimé dans la glace.
41. Une valise pleine d’ailes d’insectes.
42. Un soleil enfermé dans une bouteille de vin.
43. Des pierres qui respirent au crépuscule.
44. Une ombre qui s’échappe de sa propriétaire.
45. Une pendule suspendue à un fil d’araignée.
46. Un chapeau posé sur un volcan endormi.
47. Des doigts qui écrivent seuls sur la table.
48. Une bouche qui souffle des bulles de lumière.
49. Une lanterne pleine d’eau.
50. Des cloches sous-marines sonnant le souvenir.
51. Une lettre jamais envoyée, écrite en pollen.
52. Une vague qui lit dans les lignes de la main.
53. Un visage cousu sur une étoffe de vent.
54. Un couteau planté dans un fruit de lune.
55. Une montre fondue au pied d’une montagne de sommeil.
56. Des pas imprimés dans la brume.
57. Une cage où dort le rire d’une femme.
58. Un œuf transparent où bat un nuage.
59. Un escalier en papier qui s’envole.
60. Un manteau fait d’ombres anciennes.
61. Des étoiles tombées dans une boîte d’allumettes.
62. Une plume qui écrit seule sur la mer.
63. Un oiseau de verre qui chante dans un crâne.
64. Un visage qui s’ouvre comme une porte sur le matin
*
un poème-collage surréaliste dans l’esprit des années 1930
à la croisée d’André Breton Benjamin Péret et Paul Éluard
typographie aérée ruptures visuelles
respiration du rêve
LE CABINET DU MATIN INCONNU
poème surréaliste en 64 images
I
Un parapluie ouvert sous une cascade de plumes.
Le sable regarde, les yeux y sont semés comme des graines.
Un escalier descend vers le ciel.
Une main d’enfant tient un éclair —
elle écrit le nom du vent.
II
Les montres pleurent du lait.
La table rêve d’être un oiseau.
Les poissons lisent le journal du silence.
Une clé tombe dans la mer,
et soudain l’horizon s’ouvre comme une cage.
III
Un violon rempli de lucioles joue dans la nuit d’encre.
Des chaises fleurissent au fond des vergers d’absence.
Une femme marche sur des miroirs liquides,
son pas réveille les alphabets endormis.
IV
Le chat fume des nuages.
Le train sort d’une bouche endormie.
Les statues tournent la tête au passage du vent.
La pomme éclate de rire,
et tout recommence à pousser.
V
Entre deux rêves, une porte bat.
Un insecte prie devant un dé à coudre.
L’horloge de verre bat d’ailes :
le temps se dissout en papillons.
VI.
Des cendres se souviennent du feu.
Un homme verse la pluie dans une tasse.
La rivière murmure des prénoms
que personne n’a jamais portés.
VII.
Le cheval de sel galope sur la mer.
Le miroir respire.
L’échelle s’appuie contre la lune.
Le corbeau écrit avec son ombre,
les lampes pendent aux fils de pluie.
VIII
Le livre s’envole pages vers le nord.
Une voix s’endort dans une boule de cristal.
Les saisons dorment en tas,
le rire s’accroche à la fenêtre.
IX
Un chapeau posé sur un volcan.
Des doigts écrivent seuls.
Une bouche souffle des bulles de lumière.
Une lanterne d’eau vacille
le souvenir sonne sous la mer.
X.
Lettre de pollen jamais envoyée
Une vague lit dans la paume du vent.
Un couteau tranche le fruit de la lune.
La montre fondue s’endort
contre la montagne du sommeil
XI.
Des pas s’impriment dans la brume.
Le rire d’une femme dort en cage.
Dans un œuf transparent bat un nuage.
L’escalier de papier s’envole
vêtu d’ombres anciennes.
XII.
Les étoiles tombent dans une boîte d’allumettes.
Une plume écrit seule sur la mer.
Un oiseau de verre chante dans un crâne.
Et le visage du matin s’ouvre,
comme une porte vers l’inconnu.
FIN
Le rêve ne se termine pas
il change de place