apprendre à regarder
nos propres pensées et celles des autres
comme des objets extérieurs
apprendre à lire
entre les lignes
apprendre à glisser entre les lignes
il est impossible que la machine du monde ait
un centre fixe et immobile que ce soit cette terre sensible
je me demande
comment remplir les cases vides
trouver le trajet nécessite
de longues flâneries au bord
ce trajet est paradoxalement toujours le même et
jamais le même
il y a
un seul espace universel
une seule et vaste immensité
que nous pouvons librement appeler espace-temps
tout près devant soi
alors qu’on croyait l’avoir perdu
dans le circuit et les pinces des signes et des temps
rien ne bouge
de sorte que n'est pas vaine cette puissance
qui toujours veut et peut ajouter l'espace à l'espace
volume à volume unité à unité nombre à nombre
les domiciles au loin se recouvrent de teintes vives
un point d'accumulation d'un ensemble n'appartient
pas nécessairement à cet ensemble
leur fonction est d'illuminer
de mettre en mouvement et de limiter
ils se dominent se soutiennent s'engendrent s'unissent
et se meuvent réciproquement
la structure de nouveau se met en place et
se rejoue à l’identique
les lignes forment une marge
le croisement de ces lignes et de ces courbes
sous
un ciel pur
le désir et le plaisir renouvelé
d’écrire et rebondir
la dispersion est toujours plus large
prenant à revers les panneaux anciens
A la fois rupture et début
même quand le vent passe au travers
ensuite la poésie se tiendra tranquille
effrayante
au centre-périphérie du monde
toujours immobile
mon corps m’échappe
mouvoir la pensée au dix dixième
le corps au sept dixième
l'émission vocale est la peau
les modulations sont les chairs
le souffle est l'os
le jeu de la présence de soi au monde
des grands nuages blancs
et puis
un trou noir de silence
plus tard se relever
celui qui possède la voie ne s'en occupe pas