N’oublions pas
que les mobiles
des actions humaines
sont habituellement beaucoup plus complexes
et plus variés
qu’on ne se le figure après coup
il
est rare qu’ils se dessinent
avec netteté
le
mieux
est parfois
pour le narrateur
de se borner au simple exposé
des événements
quand enfin tout est permis ou presque et que vous n’avez plus d’angoisse mais des anxiétés liquides plus de désirs mais des fièvres acheteuses plus de plaisirs mais des décharges urgentes sur moult applications plus d’amis mais des followers et des likes et qu’incapables de vous exprimer dans les phrases quasi proustiennes des possédés de Dostoïevski vous vous videz dans l’addiction aux clics et aux selfies vous êtes en résonance avec ses exténuantes polyphonies qui prophétisaient déjà le streaming des sms blogs et Facebook pornographies et marches blanches #balancetonporc et guerres nihilistes sous couvert de guerres saintes
vous
y entendez quelque
chose
?
l’inaudible Dostoïevski
serait-il notre contemporain
?
pas
plus pas moins
qu’
une fugue
pour
quatuor à cordes
et
une symphonie
avec chœur de Beethoven
ou
la densité
de Shakespeare
ou
la comédie
de Dante
insolents défis
dans le hors-temps du temps
*
que faire
si Dieu n’existe pas
si Rakitine
a raison de prétendre que
c’est
une idée
forgée par l’humanité
?
dans ce cas
l’homme serait le roi de la terre
de l’univers
très bien
!
seulement,
comment sera-t-il vertueux
sans Dieu
?
je
me le
demande … en effet
qu’est
ce que la vertu
?
réponds-moi Alexéi
je
ne me représente pas la vertu
comme
un chinois
c’est donc
une chose relative
?
l’est-elle oui ou non
?
ou bien
elle n’est pas
une chose relative
?
question insidieuse
[…]
alors tout est permis
?