encore
un mot plein de ressources
on pourrait dire que c’est le temps lui-même
le temps de la vie même
il désigne ce qui a tenu jusqu’à maintenant
ce qui se soulève de nouveau
ce qui aura toujours à se soulever de nouveau
encore
cela veut dire que ça aura tenu jusqu’à cette heure
la vie se sera poussée en nous
comme
un vaillant petit cortège
la vie aura tenu jusqu’à maintenant
la vie se sera éprouvée en nous jusqu’à maintenant
la vie qu’on n’abat pas
mais cela veut dire aussi qu’on n’a jamais vécu
une bonne fois pour toutes
que toujours ça se re-soulève
ça doit se re-soulever
se re-mettre en selle
de nouveau
Allez !
encore une fois
encore
est certes le mot de la lassitude
et allez encore !
c’est le mot de la fatigue à re-commencer
à avoir à re-commencer
travailler encore
supporter encore l’avalanche des deuils
mais encore est aussi et surtout le mot du désir
du désir forcément infini
car aimer c’est vouloir encore
en vouloir encore
c’est le mot des amants
c’est le mot des enfants
encore !
qui ne voient pas pourquoi
un bonheur
ou
un plaisir devrait s’arrêter
et ils ont raison
encore
est le mot de l’infini dans les choses
des choses qui n’en finissent pas
qui s’infinissent toutes seules
ou
qu’on doit infinir
comme la joie
comme la lutte
nous deux encore donc
mais aussi et encore nous tous
nous tous constitués par le désir de bâtir
de camper en effet sur ces rives
avec les fantômes
de braver ce monde abîmé et d’y faire nos cabanes
puisque décidément
notre besoin d’installer
quelque part sur terre ce que l’on a rêvé
ne connaît pas de fin
ENCORE
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃kɔ:ʀ]. Enq. : /ãkoʀ/. Ds Ac. 1694-1932 qui ajoute, comme le reste des ouvrages, que la graph. encor est réservée à la poésie. Étymol. et Hist. 1. Mil. xies., adv. de temps exprimant la persistance d'un procès à un moment considéré; ici avec un verbe au prés. signifie « maintenant, à cette heure » (St Alexis, éd. C. Storey, 360 : Net coneümes n'uncor net conuissum); 2. 1100 marquant une répétition « aussi, de plus » (Roland, éd. J. Bédier, 1623 : Sun cumpaignun Gerers ocit uncore E Berenger e Guiun de Seint Antonie); 3. 1165-70 marquant un renchérissement devant un compar. (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 529 : Mes j'atant ancor meillor point Que Dex greignor enor li doint); 4. fin xiies. devant un verbe au subj. exprime une concession (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 3, 20 ds T.-L. : ancor soit ceu k'ele est por ceu apeleie prophecie k'ele avancet ceu k'avenir est, si pert ele totevoies la raison de son nom, quant ele parollet ou del tens trespasseit ou del presant); 5. 1532 encore que (Rabelais, Pantagruel, ch. 8, éd. Marty-Laveaux, I, p. 254). Du lat. vulg. *hinc ha (c) hora ou *hinc ad horam; la forme a. fr. uncore, oncore est due à l'infl. de onque, onc*. Fréq. abs. littér. Encore : 110 844. Encor : 2 547. Fréq. rel. littér. Encore xixes. : a) 154 220, b) 146 092; xxes. : a) 154 803, b) 168 437. Encor : xixes. : a) 6 672, b) 5 564; xxes. : a) 2 714, b) 523. Bbg. Blumenthal (P.). Zur kommunikativen Funktion von Adverbien und Umstandsbestimmungen im Französischen. Rom. Forsch. 1975, t. 87, p. 327. − Cornu (J.). Glanures phonol.Romania. 1878, t. 7, p. 358. − Dauzat (A.). Encore. Fr. mod. 1942, t. 10, p. 116. − Havet (L.). L'Ital. anche, le fr. encore. Romania. 1879, t. 8, p. 94. − Lommatzsch (E.). Nochmals fr. encore. Ach. St. n. Spr. 1942, t. 181, pp. 45-46. − Muller (C.). Rem. syntactico-sém. sur certains adv. de temps. Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 18-38. − Nicholson (G. G.). Adv. rom. issus de conj. R. Ling. rom. 1930, t. 6, pp. 152-172. − Rohlfs (G.). Encore à propos d'encore. St. neophilol. 1947/48, t. 20, pp. 161-164; Zur Herkunft von fr. encore, ital. ancora. Arch. St. n. Spr. 1937, t. 172, pp. 203-205.