cachée
au cœur de l’apparent
concentrée au cœur du naufrage
elle traverse
tous les phénomènes dans l’allégresse
ayant appris très tôt la langue des oiseaux
elle ne suit que son inspiration et les dieux qu’elle aime
n’est l’instrument d’aucun puissant
l’idiote utile de personne
elle pratique la joie
celle qui rend l’espérance inutile et l’ironie
claire conscience
de l’agilité éternelle et de la plénitude infinie
du chaos
elle a trouvé
l’or du temps
elle vit
assise dans l’oubli
la légende ne s’oppose pas à l’histoire
comme le mythe à la vérité
elle en est au contraire le cœur mystérieux
le récit secret
son illumination
il faut vivre de légende
pour ne pas devenir un fantôme
pour nourrir sa vie
pour échapper à l’idéologie
à l’opinion qui partout règnent
les vieux Chinois s’y connaissent tellement en légendes que leur vie même en est souvent une la postérité leur a donné des surnoms on leur prête des vies imaginaires égarées dans des forêts de bambous chevauchant des grues vivant plus longtemps encore que les tortues