L'écriture est une folie.
Celui qui écrit s'efface et laisse l'archive de son propre effacement.
Sa grandeur, c'est qu'en écrivant, il fait oublier celui qui a donné (lui-même), ce qu'il a donné et même l'acte qu'il a accompli.
C'est la seule manière possible de faire oeuvre.
Si elle a lieu, c'est au-delà de toute conscience :
celui qui reçoit le don n'en éprouve aucune reconnaissance, ni même aucun souvenir.
Il ignore ce qu'il a reçu.
Si l'oeuvre est digne de ce nom, elle a opéré en lui en le transformant.
En général, nous connaissons le nom de l'auteur.
Le don n'est pas absolu.
Quand l'oeuvre est un événement singulier, un événement d'envergure, quand elle vous déborde tellement que vous ne pouvez pas vous mesurer à elle, alors vous pouvez aimer l'auteur, être en mémoire de lui.
C'est le cas (exceptionnel) de James Joyce.
Il réussit à rassembler, en un mot ou en deux, des cultures, des langues, des mythologies, des religions, des philosophies, etc..., si vastes que vous êtes endetté à l'avance.
Vous avez
toujours été inscrit
dans le livre que vous lisez.