on ne peut concevoir
le temps
comme
une quatrième dimension
qu’à travers l’image d’
un écoulement
notre esprit ne peut saisir le temps dans un sens parménidien de total unique immuable et sans fin sauf en des circonstances très particulières et fugitives qu'à tort ou à raison on dit mystiques
ces expériences semblent atemporelles et plus réelles que la réalité
A ce moment… j’ai entrevu le sens de cette singulière expression
il n'y aura plus de temps
sans doute… était-ce d’un instant comme celui-là que l’épileptique Mahomet parlait lorsqu’il disait avoir visité toutes les demeures d’Allah en moins de temps que sa cruche pleine d’eau n’en avait mis à se vider
il passa sur moi comme une vague.
la vague s'était formée sur l'émergence d'une phrase articulée mais qui s'évapora tout de suite ne laissant dans son sillage qu'une essence muette un parfum d'éternité un frémissement du trait dans le bleu
j'ai dû rester
ainsi plusieurs minutes en transe
avec
une conscience indicible que cela est parfait…
parfait
puis
j'étais sur le
dos flottant à la surface
d'un fleuve
de paix sous
des ponts
de silence
il venait de nulle part et ne s'écoulait nulle part
puis il n'y eut plus de fleuve et plus de je
le je avait cessé d'exister
quand je dis le je avait cessé d'exister je me réfère à une expérience concrète qui est aussi incommunicable verbalement que la sensation ressentie à l'écoute d'un concerto pour piano et pourtant tout aussi réelle
seulement beaucoup plus réelle
en fait sa première marque est le sentiment que cet état est plus réel que tout autre éprouvé auparavant