.
Paul, Peter, Dominique, Pascal, Jean-Marie, Charles, Bernard et les autres. Un champion de tennis américain des années quatre-vingts. Une pratiquante de marche nordique. Un peintre révolutionnaire. Des randonneurs de langue hispanique ou asiatique. Une montagne devenue universelle. Des tableaux vocaux et mouvementés rappelant lointainement la forme du sonnet.
Le paysage est sans fin, le chant pareil. Tout a lieu en lieu lumineux et obscur. Des martinets tracent dans le ciel des phrases qui s’effacent à la seconde. Le temps fait rage.
*
pour toute poétique & pour toute morale, ce qui est devant
nous. pont de l’Anchois, un matin d’avril. léger voile malgré
grand soleil, soleil et beau temps. léger voile peut-être du fait
de la petite rivière, là, derrière, en contrebas. tout indique
que ce sentier conduit au refuge qui porte son nom. le plein
d’oiseaux dans les vallons boisés, repousses vert tendre,
crissement des chaussures de marche dans le désert du
sentier. pour toute poétique & pour toute morale, ce qui est
devant nous. je n’ai jamais fini, disait-il, jamais, jamais. elle
est nue, presque unicolore. c’est davantage un éclat lumineux
qu’une couleur. ici, et sur une centaine de mètres, le vacarme
de l’eau domine, prend le dessus sur le ronflement des
voitures qui passent de temps à autre sur la départementale.
petite gorge arborée, cascades, eau claire, remontée de son
amplifié par la caisse de résonance du vallon. pied de la
montagne comme pied du mur ; pareil pour l’écriture. on
entend des rossignols, mais pas que des quantités.
Olivier Domerg,
Le temps fait rage, Le bleu du ciel,
2015, p. 25.
.