il n'y a plus qu'à regarder
droit
devant soi
ou à fermer les yeux
si
nous tournions la tête
le vertige ramperait jusqu'à nous
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
il n'y a plus qu'à regarder
droit
devant soi
ou à fermer les yeux
si
nous tournions la tête
le vertige ramperait jusqu'à nous
elle voit sa propre forme
cette forme
est
le monde
ainsi
ma femme à la chevelure
de feu
de bois aux pensées
d'éclairs
de chaleur à la taille
de loutre entre les dents
du tigre à la langue
d'hostie poignardée aux cils
de bâtons
d'écriture
d'enfant aux sourcils
de bord
de nid
d'hirondelle aux épaules
de champagne et
de fontaine à têtes
de dauphins sous la glace.aux doigts
de hasard et
d'as et
de cœur aux doigts
de foin coupé.aux jambes
de fusée aux mouvements
d'horlogerie et
de
désespoir aux mollets
de moelle
de sureau aux pieds
d'initiales aux pieds
de trousseaux
de clés aux pieds
de calfats qui boivent.aux fesses
de grès et
d'amiante aux fesses
de dos
de cygne aux fesses
de printemps au sexe
de glaïeul.au sexe
d'algue et
de bonbons anciens
elle est une
l'éternel retour du même
dans la jungle
de la solitude un beau geste
d'éventail peut faire croire à un paradis
sur le plan intellectuel c'est en me laissant aller au fond
de l'ennui qu'il m'est arrivé
de rencontrer
des solutions insolites tout à fait hors
de recherche à pareil moment et
dont certaines m'ont valu
des raisons
de vivre
la nuit
fonctionne comme la neige
efface
le paysage
pourquoi
n'accorderais-je pas au rêve
ce que je refuse parfois à la réalité
soit
cette valeur
de certitude en elle-même qui
dans son temps
n'est point exposée à mon désaveu
échapper contempler enrayer
puis atteindre
un espace de ressourcement
loin du sol
cela veut dire
que cette ressource prélevée sur les hauteurs sur ce qui ne se trouve pas sur le sol mais dans l’ouverture à ce qui s’étend à l’infini ciel ou cosmos que cette ressource donc vienne en moi en tant que telle
puis troisième temps
retour au sol terrestre prêts à l’affronter tel qu’il est devenu et l’orage semble alors être désormais un compagnon
*
cesser
d'être pris ou retenu
s'enfuir d'
un endroit
fuir
s'enfuir
se dérober
sortir
partir
s'évader
regarder
examiner
considérer
dévisager
voir
observer
tracer
le premier sillon dans un champ qu'on veut labourer
enrayer un champ
tracer le premier sillon de la journée
arrêter
paralyser
endiguer
étouffer
freiner
empêcher
échapper contempler enrayer
l’économie
le spectre
de la pénurie la peur
du manque
voilà
le fondement même de l’économie en chacun de nous
voilà
ce qui motive l’ensemble des comportements économiques qui règlent bien au-delà de la sphère du travail la vie normale avec sa mesquinerie de bon aloi
n’est-il pas normal de nos jours de calculer en toutes choses en amour comme en vacances en famille comme entre amis
or voilà si
du fond de son isolement glacé il est bien compréhensible que l’individu craigne de manquer et calcule cela n’a aucun sens pour des millions de gens en révolte ni a fortiori pour un pays entier
on n’a jamais vu cinquante millions de personnes se laisser mourir de faim
dès lors que nous sommes ensemble dès lors que nous sommes liés dès lors que nous nous faisons confiance la peur du manque n’a aucun sens
elle n’existe que pour les rats
bloquer l’économie véritablement bloquer l’économie aussi en nous c’est laisser derrière soi la peur de manquer et ne pas craindre en conséquence que vole en éclat l’organisation présente de la vie
nous n’avons jusqu’ici connu que la vie organisée
nous allons connaître la vie vivante
celle
où les inconnus se parlent dans la rue et trouvent une façon de faire quand l’un ou l’autre rencontre un problème
celle
où les voisins ne se détestent pas nécessairement et cessent de s’épier
celle
où l’on n’est plus jamais pressé
celle
d’où la bagnole les supermarchés ou les Iphone vont disparaître sans même que nous nous en apercevions
celle
où se goûte la richesse véritable dont nul n’est glouton ou jaloux
celle
enfin qui a une forme et un sens
bloquons tout donc
nous n’avons rien à craindre
rien ne nous manquera
nous trouverons les façons de faire
et elles seront belles
elles seront en tout cas moins insensées que le monde dans lequel on nous fait vivre
aucun obstacle ne peut nous résister
nous sommes nombreux et intelligents et nous sommes ceux qui font fonctionner ce monde
aucun gouvernement ne peut rien contre nous dès lors que nous n’avons plus peur
de manquer
tout va aller pour le mieux
immense sérénité
Fin de l’économie
voilà
peut-être
ce que dirait le
Comité Invisible
du moment présent
puisque nous en sommes réduits à l’imaginer
la nuit est venue tout d'un coup
comme
une grande rosace
de fleurs retournée sur nos têtes...
poisson soluble
l'écho présent est celui
des larmes et
de la beauté propre aux aventures illisibles
aux rêves tronqués
pourvu que je ne manque pas la correspondance avec l'ennui
nous y sommes
l'ennui
les belles parallèles
ah
que les parallèles sont belles
sous la perpendiculaire
de Dieu
le merveilleux est beau
n'importe quel merveilleux est beau
il n'y a que le merveilleux
qui soit beau
vive le merveilleux
vive le mystérieux merveilleux
vive la mystérieuse merveille
il ne tient qu'à moi
de m'appartenir tout entier c'est-à-dire
de maintenir à l'état anarchique la bande chaque jour plus redoutable
de mes désirs