Samuel Wood
est
une figure fictive
un double
un nom d’absence
il n’est pas
un personnage
mais
un être de parole empêchée
un reflet de celui qui écrit
le
poète ne parle pas
de
Samuel Wood
il parle à travers lui
ou plutôt
il parle depuis le lieu où la parole s’efface
Louis-René Des Forêts
écrit comme
s’il traversait
une brume
le poème naît dans le retrait
là où le langage ne décrit
plus le monde
mais tente de survivre à son propre effacement
le texte est tissé
de tensions
entre
présence et disparition
entre
mémoire et oubli
entre
parole et silence
la voix de Samuel Wood
est celle d’un être qui se sait voué à disparaître mais qui
continue à parler malgré tout
comme
un souffle qui persiste dans l’air froid du matin
dans le poème tout semble proche du mutisme
mais un mutisme vibrant plein d’écoute
les images reviennent
la voix étouffée
le visage effacé
le désert
l’enfant intérieur
le vent et la cendre
ces motifs ne sont pas décoratifs
ils traduisent le travail d’un effacement une manière d’écrire
le silence sans le trahir
le poète cherche le lieu où parler revient
à s’éteindre
le nom lui-même est symbolique
Samuel le prophète biblique celui qui entend la voix
Wood le bois la matière vivante mais aussi
la forêt l’ombre le murmure
ainsi Samuel Wood est l’écoute dans la forêt le lieu où la parole devient matière où le souffle s’enfonce dans les arbres pour renaître en écho
le texte se déroule comme une marche en soi-même
une errance où chaque mot se détache avec précaution
c’est une écriture de l’approche jamais de la saisie
le poète tente de nommer l’indicible
l’angoisse d’exister
le souvenir d’une innocence perdue
le tremblement d’une voix qui se cherche
il y a
dans Samuel Wood quelque chose de walserien
mais
plus nocturne plus tragique
non pas
le promeneur qui contemple
mais celui qui
se dissout dans sa propre parole
Poèmes de Samuel Wood
est
une méditation sur la condition de
l’homme parlant
celui qui écrit sait qu’il ne peut pas atteindre l’autre
ni même se rejoindre
soi-même
Samuel Wood c’est l’impossibilité d’habiter sa propre voix
et pourtant c’est dans cette impossibilité que naît la beauté
le frémissement du sens la vérité du poème
Louis-René des Forêts
écrit avec une économie presque ascétique
le poème devient une chambre d’écho
où la parole tente de se sauver de son propre effacement
Samuel Wood n’est pas un poète
il est la parole qui cherche un poète
le texte entier est une écoute
il n’y a pas d’histoire seulement une voix qui se déplace dans l’ombre
dans ce mouvement
fragile
hésitant
le poème atteint
une pureté presque mystique