se coucher en se demandant s’il neigera toute la nuit et se lever au matin le sommeil ayant effacé le souvenir de la neige entrer dans le salon volet ouvert la pièce emplie d’une inédite luminosité se tourner vers la fenêtre découvrir le jardin totalement recouvert de neige les branches des arbres ploient sous d’épais coussins neigeux leurs troncs redessinés par un liseré blanc qui en modifie la forme et l’élan, plus rien ne permet de différencier le sol et le gazon, tout est blanc comme une page où tout reste à écrire
il faut continuer
on n’a rien sans rien
il n'y a peut-être pas d'herbe
l’aborder sous différents angles
la contourner et revenir à l’assaut
mais
les points dans l'espace-temps forment
des pièces de connexion
des points de départ
récurrents
je vois maintenant le profil de la pente
celle que je n’ai pas voulu prendre
peut-être
la désinvolture est-elle
encore pire que l’indifférence
?
ce jour-là le silence rêvé s’impose à moi
même si cela ne dure qu’
une seule seconde
silence
de menace et en même temps
d’effroi et de mort
l’histoire de nos possibles
quelques-unes de ces coïncidences si malencontreuses
que le tissu serré du réel
se plisse
une attention
extrême pour les choses