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Poésie-Opéra
Toute oeuvre
peut être lue à partir des catégories usuelles
de l'histoire de l'art
style, école,
époque, auteur, technique employée,
influences, etc...
Sous l'angle
de la connaissance ou du savoir,
ces catégories sont légitimes,
mais sous l'angle de l'oeuvre
elle-même,
elles fonctionnent comme
une mise au tombeau.
En effet,
en quoi une oeuvre se singularise-t-elle
comme oeuvre?
Certainement pas
à travers ces catégories générales.
Chaque oeuvre est
imprévisible.
Elle a ses sources uniques
et ses effets
singuliers.
C'est une monade,
un monologue qu'aucune loi
ne détermine.
Pour tel spectateur,
celle-ci fait symptôme;
pour tel autre,
celle-là fonctionne comme
une mémoire qui l'engage, etc...
Chaque fois,
l'oeuvre échappe au flot.
Chacune exige,
solennellement,
d'être jugée
selon ses propres
termes;
chacune affirme
un sens unique,
issu d'elle.
C'est elle,
l'oeuvre,
le sujet véritable de l'art,
et non l'artiste
ni d'ailleurs le spectateur
car il n'est pas
de réception possible
sans le monde qu'elle institue.
On ne peut lui assigner
aucune cause déterminée,
ni dans le champ social,
ni dans l'histoire de l'art.
Sans entrer
dans aucune chaîne de causalité,
l'oeuvre impose un nouveau réel.
Elle ne représente rien,
pas même l'être,
elle l'explose.
Ce qui nous éblouit en elle
est une obscurité,
un non-savoir
Si l'art n'existe
que par les oeuvres,
celles-ci peuvent exister
à l'écart de l'art.
Parfois elles le présentent,
mais parfois aussi
elles le dérobent.
Il faut tout faire pour sauver,
dans l'oeuvre,
dans la langue mais aussi dans l'image,
ce qui la rend unique,
singulière et intraduisible.