La période que ponctuent ces deux cent quarante-huit lettres de Philippe Sollers à Dominique Rolin est, pour les deux écrivains, un temps de création intense, sous le signe stable et dynamique de «l'axiome», qui relie indissolublement l'amour à un constant travail d'écriture et de pensée, signant de la sorte la vraie fidélité de l'un à l'autre, dans la vie et sur la page.
Les lettres réunies ici s'avèrent plus brèves que celles de la période précédente (1958-1980) et se mettent à ressembler aux débuts des romans : variations sur les thèmes de Venise, de l'île-bateau (Ré), de l'orage, du sel, des oiseaux, des fleurs, des arbres, du temps qu'il fait, ou encore du lien étrange entre écriture et tennis.
Interrogations sur l'œuvre en cours.
Lectures abondantes en écho. Musique, encore et toujours. Un autre filon important traverse ces pages : la politique. Ou plutôt : la manière satirique dont Sollers rend compte de la dégénérescence des politiciens.
Et, en toile de fond, une très émouvante connaissance – et reconnaissance – amoureuse, plus nette et plus singulière au fil des ans et des jours.
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vendredi
Le Martray, le 25/7/08
Mon amour, MATRÉSOR !
Ce sera, aujourd’hui, la journée des 9 cygnes sauvages noirs qui ont succédé, avant de disparaître, aux cygnes sauvages blancs.
Maintenant, le temps bascule : du bleu on passe au gris (pluie bientôt), et les jours commencent à aller vers toi, comme les plumes à l’océan (image grandiloquente mais vraie).
Je suis en train de rattraper mon retard à la machine. Tu es assise sur mes genoux pendant que je tape, ce qui est un peu encombrant mais joyeux. Domi ! Ma Domi ! Musique !