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Ce qui
se passe chaque jour
et qui
revient chaque jour,
le banal,
le quotidien,
I’évident,
le commun,
l’ordinaire,
l’infra-ordinaire,
le bruit de fond,
I’habituel,
comment en rendre compte,
comment l’interroger,
comment le décrire ?
.....
Comment parler de ces
choses communes ,
comment les traquer plutôt,
comment les débusquer,
les arracher à la gangue
dans laquelle elles restent engluées,
comment leur donner un sens,
une langue :
qu’elles parlent enfin de ce qui est,
de ce que nous sommes.
...
Ce qu’il s’agit d’interroger,
c’est la brique,
le béton,
le verre,
nos manières de table,
nos ustensiles,
nos outils,
nos emplois du temps,
nos rythmes.
Interroger ce qui semble
avoir cessé à jamais de nous étonner.
Nous vivons,
certes,
nous respirons,
certes;
nous marchons,
nous ouvrons des portes,
nous descendons des escaliers,
nous nous asseyons à une table pour manger,
nous nous couchons dans un lit pour dormir.
Comment ?
Où ?
Quand ?
Pourquoi ?
Décrivez votre rue.
Décrivez-en une autre.
Comparez.
Faites l’inventaire de vos poches,
de votre sac.
Interrogez-vous sur la provenance,
l’usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez.
Questionnez vos petites cuillers.
Qu’y a-t-il sous votre papier peint ?
Combien de gestes faut-il
pour composer un numéro de téléphone ?
Pourquoi ?
Pourquoi ne trouve-t-on pas
de cigarettes dans les épiceries ?
Pourquoi pas ?
Il m’importe peu que ces questions soient,
ici, fragmentaires,
à peine indicatives d’une méthode,
tout au plus d’un projet.
Il m’importe beaucoup qu’elles
semblent triviales et futiles:
c’est précisément ce qui les rend tout aussi,
sinon plus,
essentielles que tant d’autres
au travers desquelles nous avons
vainement
tenté
de capter
notre
vérité.
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