Si on compare la mystique chrétienne ou islamique à celle du bouddhisme, on notera entre elles les affinités suivantes : a) le mépris des schémas rationnels lorsqu'ils ne sont que des moyens ; personne ne pense que les nombreux volumes de la Somme Théologique puissent être l'équivalent de l'expérience de la vérité ; b) la perception intuitive, différente ce celle que peuvent fournir les sens ; c) la connaissance absolue, qui nous donne une certitude complète, que l'exercice de la logique ne peut réfuter ; celui qui la possède peut se passer de prémisses et de conclusions. Une fois maître de la vérité, le mystique s'aperçoit que l'opposition des contraires se fond d'une certaine façon dans une réalité supérieure ; il est donc aussi au-delà des valeurs de la morale courante. Quand saint Augustin écrivit : Aime et fais ce qu'il te plaît, peut-être voulut-il dire que l'homme qui est parvenu à l'amour divin est incapable de mal agir ; d) l'annihilation du Moi. Notre vie passée est absorbée dans le grand Tout ; la paix et le soulagement en sont la récompense immédiate ; e) la vision du multiple univers transformé en une unité ; f ) une sensation de félicité complète
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Si nous considérons maintenant les traits qui les différencient, nous voyons que le bouddhisme se passe de toute relation personnelle avec un dieu, car c'est une doctrine essentiellement athée où il n'y a ni croyant ni déité. A l'inverse de ce qui marque le judaïsme et ses dérivations, le christianisme et l'islamisme, on note également l'absence de ces concepts pathétiques de faute, de repentir et de pardon. On n'atteint pas le satori par l'adoration, la crainte, la foi, l'amour de Dieu ou la pénitence ; il s'agit ici d'une discipline qui ne vise que la paix et élimine les émotions. Le maître Te-Shan ne pria jamais, ne demanda jamais le pardon de ses fautes, ne vénéra jamais l'image du Bouddha, ne lut jamais les écritures et ne brûla jamais d'encens. De tels actes étaient, à son avis, d'inutiles formalités ; seule l'intéressait l'incessante et l'intense quête mystique
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J.L.Borges et Alica Jurado ; qu'est-ce que le bouddhisme ?L.A. photographie, pommier , Cochette avril 2010