Lorine Niedecker
Traduit par Martin Richet
Grand-père / me disait :
Apprends un métier / J’ai appris / à rester à mon bureau
à condenser
Pas de chômage / dans cette condenserie
saisis par cette image du
travail de poète
nous avons voulu en présenter la matière et le processus
le mélange le changement
l’immense massive corruption de la langue
aussi
le présent volume retrace plusieurs mouvements
de condensation
comment
la vie devenue lettre aux amis se fait matériau
d’un poème
comment
la lecture se densifie en poétique
comment
le document et le savoir
informent l’expérience et l’écriture
ces mouvements
déterminent notre table
des matières
dans ses
deux parties
« De ton foyer au mien » présente un large choix de lettres adressés aux compagnons de route, poètes, éditeurs, amis. À Harriet Monroe (éditrice de l’importante revue Poetry), à Louis Zukofsky et son fils Paul, à Cid Corman, à Jonathan Williams et au jeune voisin de Black Hawk Island, Gail Roub. Prolongements de cette correspondance, deux essais de Niedecker, sur la poésie de Louis Zukofsky et Cid Corman, closent ces échanges.
Notre deuxième partie, « Lac Supérieur », nous renseigne sur le processus de composition du « magma opus » de Niedecker, au moyen d’un choix de notes préparatoires, d’un journal de voyage et de la première version du poème, parue en revue et remaniée pour sa publication dans North Central (1968). -- Martin Richet
Lorine Niedecker (1903-1970) a dédié sa poésie au paysage, à son évolution, à ses effets sur la vie de tous les jours. Outre son rapport à l’objectivisme, sa poésie est nourrie de sources diverses (surréalisme, politique, histoire, haïku) qui font l’originalité d’une œuvre prise dans des tensions antinomiques. C’est la singularité de cette poésie, à la fois lyrique, objective, économique, toujours localisée et souvent d’actualité, que ce volume entend donner à lire. Après Louange du Lieu (2012), Cette condenserie est le deuxième livre de Lorine Niedecker publié aux éditions Corti.
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