la petite fille anime sa poupée
le petit garçon anime son cheval de bois
le poète dira
la maison
assise sur ses fesses
regardait
par la lucarne
et quand on ouvrit
les portes
elle descendit
où la maison devient une maison de fées
*
cet aboiement démesuré des chiens correspond à
un cri de révolte totale
dirigé
contre les étoiles au nord
contre les étoiles à l’est
contre les étoiles au sud
contre les étoiles à l’ouest
contre la lune
contre les yeux capables de pousser un cri
contre l'esprit de long en large
contre les montagnes
semblables au loin à des roches géantes
gisantes dans l’obscurité
contre l’air froid
qu’ils aspirent à pleins poumons
qui rend l’intérieur de leur narine
rouge brûlant
contre le silence de la nuit
contre l'éternité guère plus longue que la vie
contre les chouettes
dont le vol oblique leur rase le museau
emportant un rat ou une grenouille dans le bec
nourriture vivante
douce pour les petits
contre les lièvres qui disparaissent en un clin d’ œil
contre le timbre paradisiaque de la nuit cosmique
contre le voleur
qui s’enfuit au galop de son cheval après avoir
commis un crime
contre les serpents
remuant les bruyères qui leur font trembler la peau
grincer les dents
contre leurs propres aboiements qui leur font peur à eux-mêmes
contre les crapauds
qu’ils broient d’un coup sec de mâchoire
pourquoi se sont-ils éloignés du marais
contre les arbres
dont les feuilles
mollement bercées sont autant de mystères
qu’ils ne comprennent pas
qu’ils veulent découvrir avec leurs yeux fixes
intelligents
contre les araignées
suspendues entre leurs longues pattes
qui grimpent sur les arbres pour se sauver
contre les corbeaux
qui n’ont pas trouvé de quoi manger pendant la journée
et qui s’en reviennent au gîte
l’aile fatiguée
contre les rochers du rivage
contre les feux
qui paraissent aux mâts des navires invisibles
contre le bruit sourd des vagues
contre les grands poissons
qui nageant montrent leur dos noir puis s’enfoncent
dans l’abîme
contre l’homme qui les rend esclaves