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De quoi est-il question au fond, quand on parle de Rimbaud ou quand on le lit, si c’est encore vraiment le cas? Rimbaud a écrit, Rimbaud n’a plus écrit. Mythe et légende douloureuse d’un génie poétique précoce et fulgurant, à la Mozart ; et puis le désert, le commerce, les trafics, – et la fin tragique, l’amputation, la mort. Tout a été dit là-dessus, «littéralement et dans tous les sens». Imagerie diverse ou adoration plus ou moins aveugle d’une «belle gloire d’artiste et de conteur emportée», et finalement, presque toujours, célébration oblige, indifférence à l’essentiel : affaire classée. Exit.
Et si c’était un contresens complet? Et s’il n’avait pas cessé… pas cessé d’écrire sa vie, d’un bout à l’autre, tout au long d’un parcours proprement géographique, et de la signer, de surcroît, secrètement, par son nom, ou plutôt par ses initiales, A.R., en se plaçant, consciemment ou non, sous ce signe constant? Quel signe, d’ailleurs? Celui de Noé? Celui de Jonas? D’un autre encore? Se serait-il délibérément, retour de plus en plus initial, mis «à penser sur la première lettre de l’alphabet», et lequel? Le narrateur s’en souviendra – et ça le mènera à une découverte bel et bien inouïe.
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