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Comment se conduira
l’individualiste avec ses supérieurs sociaux ?
L’individualiste n’oubliera pas que les paroles de ses supérieurs sociaux traitent presque toujours de choses indifférentes. Il écoutera avec indifférence et répondra le moins possible. Il ne fera pas d’objections. Il n’indiquera pas des méthodes qui lui paraîtraient meilleures. Il évitera toute discussion inutile.
Pourquoi ?
Parce que
le supérieur social
est d’ordinaire
un enfant vaniteux et irritable.
Si
le supérieur social ordonne,
non plus une chose indifférente,
mais
une injustice
ou une cruauté,
que fera l’individualiste ?
Il refusera d’obéir.
La désobéissance
ne lui fera-t-elle pas courir des
dangers ?
Non. Devenir l’instrument de l’injustice et du mal, c’est la mort de la raison et de la liberté. Mais la désobéissance à l’ordre injuste ne met en danger que le corps et les ressources matérielles, qui sont au nombre des choses indifférentes.
Quelle sera la pensée
de l’individualiste devant
l’ordre ?
L’individualiste dira mentalement au chef injuste : Tu es une des incarnations modernes du tyran. Mais le tyran ne peut rien contre le sage.
L’individualiste
expliquera-t-il son refus d’obéir ?
Oui, s’il croit le chef social capable de comprendre et de revenir de son erreur. Presque toujours le chef social est incapable de comprendre.
Que fera alors l’individualiste ?
Devant un ordre injuste le refus d’obéir est le seul devoir universel. La forme du refus dépend de ma personnalité.
Han Ryner,
Petit manuel individualiste (1903),
suivi de « Un sage turbulent » par Bernard Pautrat
Allia, 2010
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