?
double thèse selon laquelle premièrement nous sommes susceptibles de connaître des choses et des faits en soi et deuxièmement choses et faits en soi n’appartiennent pas qu’à
un seul domaine d’objets
le monde
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
?
double thèse selon laquelle premièrement nous sommes susceptibles de connaître des choses et des faits en soi et deuxièmement choses et faits en soi n’appartiennent pas qu’à
un seul domaine d’objets
le monde
?
c'est un reflet comme un autre
c'est
cette totale obéissance dont a parlé Eckhart
cette totale acceptation
c'est ce Dieu qui est au-delà du dieu créateur
et de la créature
un dieu limité
il n'a pas de forme
est-ce que vous êtes
?
vous dites oui
vous dites
je suis
ce n'est pas
je suis ceci... je suis cela...
uniquement
Je suis
c'est le cœur
il
touche
le cœur de la main
c'est
le silence profond
commun à toutes les traditions
à toutes les religions
Philippe Beck
Trois poèmes pour Jean-Luc Nancy
ESPACE
à Jean-Luc
1. ESPACE
Espace est la forme de sublime.
L’au-delà ici.
Il est sens premier.
Et donne à penser.
Livreur, placeur
et réceptivité.
Il place des éléments,
relie pensées de monde
possible.
Broche première est un bouquet
sensible.
Par fleurs côte à côte
ou au large.
Bien.
Il est Forme d’amour,
car am. est arc ou suite
d’atomes bandés, étoffés.
Il lance des tiges principales.
Espace est relation finale
et débutante.
Sentiment commence comme
tension ou étendue de quelqu’un ;
pour quelque chose dehors.
Il s’appelle arc
littéralement.
Cupidon est physicien.
2. CALMEMENT
Nancy, dur ancien,
n’a pas été calmé.
Il est maintenant le sévère
dans le calme,
le traceur impavide
ou impassible,
la voix grave et longue,
où l’autre est logé,
le phrasé tactique
et mieux que ça,
le phrasé disposant,
proposant, entraînant,
le Oui-Long
calmant.
Il est une âpreté
d’un genre neuf ou spécial.
Nancy prend avec.
Au passage ?
Non.
Il est prenant,
et dispose
à être saisi, captivé.
C’est le non-prisonnier
lent et continu,
le libre discret.
Il est mieux que libre ?
Il a un secret,
un fond de sainteté abandonnée.
Et une tendreté
constante,
ou philosophie.
Mais poésie voit sa philosophie,
et il en sourit.
3. BRIQUES
Nancy joue les mots avec les mots.
Il contacte et tresse.
Des phrases sont par terre.
Nancy les met sur table,
posément.
Contacter, c’est poser les mots
un par un, comme des briques aimables.
Il fait un mur de terre.
Pour un bal sur terre.
Ou couche le mur pour partager
dessus. Mur-table,
avec les provisions calmes.
Mais les briques Tudor de maintenant
composent.
Philippe Beck
Lundi 31.01.22
11:30
il neige
écrire
pour écrire pour parler et dire
écrire
pour construire des lignes de livres
lignes de mondes et dire
écrire
pour se dire
pour se penser et penser
écrire pour crier
écrire
pour crier les quatre points cardinaux
donner
un cri aux mots et aux phrases
écrire
pour fracturer l’ordre du discours
briser l’ordre du monde
écrire
pour dégonder
le langage la mort des mots d’ordre
dire
d’
une dimension
si possible si possible collective
écrire
pour
une parole
modes de vie et existence autres
porte-voix d’écriture
dénouer la ressource-langue
faire pivoter les mots
les phrases suffisent à faire naître tout un monde
remplacer
les mots par les mots
l’écriture par l’écriture
écrire
pour questionner
à la jonction des signes qui viennent
a l’épreuve du réel et écrire
à l’épreuve de l’actuel
et écrire
rien n’est jamais présent
écrire
pour m’atteindre et mésécrire
écrire
en moins puisque rien jamais
ne nous appartient
en propre
déconstruire jugement et interprétation
débouter analogie
désamidonner opposition
mouler
des infinitifs présents écrire
dans la brèche entre réel et pensée
entre passé et maintenant
écrire
admettre et évaluer le réel
écrire on écrit
bifurquer de nouveaux sens
la littérature est un fait de langage
écrire
pour placer ce fait en état d’émergence
pour restreindre
l’éloignement du monde
trahir la syntaxe
la grammaticalité des discours
désinformer
le langage dans le vivant des choses
dire la vie dans les choses
couper les coupes
écrire
intensifier la langue
on écrit
on énonce les chiens pluriels
ce que les hommes
se font
un imprévisible à épuiser et avoir un corps
écrire
expérimenter et entendre les cris
écrire
écrire
et atteindre où
l’écriture n’a plus à donner ses raisons
un rire par effraction de langue
Dostoïevski
recherche de l’origine de tous les existants
pour
T.
il y a
la terre flotte sur l’eau et en émerge
elle flotte
à la façon d’un morceau de bois
si bien que l’eau
est le principe de la nature humide qui comprend en soi toutes les choses
puisque
retour à la perception
les cadavres qui se nécrosent se dessèchent
et que
les semences de tous les êtres sont humides
mais pour A c’est plutôt l’air infini invisible
lorsqu’il est parfaitement réparti
qui produit tout le reste
sous l’effet du froid du chaud de l’humide et du mû devenant plus subtil il devient feu se condensant il devient vent puis nuage et plus loin encore eau puis terre puis pierres et les autres créatures procèdent de celles-ci
c’est donc en réalité dans l’air que
la Terre et les astres aplatis comme des couvercles demeurent en suspens
chez H enfin de même que chez Hi de M. c’est
la condensation et l’épaississement du feu qui engendrent l’air
puis
lorsque le feu subit la même action sous une forme plus forte
et qu’il est ainsi
tassé encore plus fortement
il se
transforme en eau
et
sous l’effet d’une plus grande compression encore devient terre
ainsi
tout naît du feu et
remonte se dissoudre en lui
un stigmate sur les choses
une marque répandue par le monde
sous la poésie des textes
il y a
la poésie tout court
pays
lignes
on sent qu’on
aimerait vivre là
entre les traits même du dessin
bien gravé
huttes
les mots
je l’imagine souvent
sont de petites maisons
avec cave et
grenier
le geste de construire
est le geste de la
poésie
il
délivre
ce qui en nous
est plus que nous
il rédime
dans la précarité la confiance
il maintient
l'esprit d'enfance
habitation dans la lecture
en lisant
en Islande
cathédrale de pierre
cathédrale typographique
copies temporelles et mortelles
il s'est appris
la parole la haute pensée et l'art de diriger
la cité
plein d'ingéniosité
il s'est abrité
du gel des pluies dans des lieux sinon inhabitables
que rien n'entrave
son avenir
la seule chose qu'il ne peut fuir
c'est Hadès
mais quant aux maladies
qui désemparent
il a médité
des remèdes pour en réchapper
*
tout ce qui existe existe pour la poésie
c’est-à-dire l’univers entier n’est objet qu’à l’égard d’un sujet
perception que par rapport à
un esprit percevant
en
un mot
il est pure représentation