tutoie-moi
ne cherche pas
un point de vue exceptionnel
le principe
de frontalité donne tous les pouvoirs
tutoie-moi
puis ferme les yeux
et contente-toi de ça qui s’accorde
à la réalité
de la rencontre
admettons que ce soit une partie du monde que tu connais bien qui ignore le reste du monde et où réside ton privilège mais que tu ne dois pas transformer en endroit pittoresque.
je n’entends pas prouver où se trouve le jardin d’Eden
je n’entends rien prouver
et
ne regarde pas
trop loin
nous n’irons jamais ensemble
Petit
n’utilise pas seulement les ressources de la typographie et de la mise en page pour mettre en valeur ses poèmes
elle crée des impasses et des vides
dans le cours du texte pour suppléer à ceux que le langage ne suggère pas toujours et
elle importe dans la langue des substances illicites
qui la contaminent et la détournent du droit chemin tracé par la logique pour créer des impasses des courts-circuits qui font rebondir ou dérailler le sens sur d’autres voies qui mènent dans le nulle-part qui n’est pas rien qui est la faille et la sortie de secours de tout discours convenu qu’il faut avoir l’audace de cultiver jusqu’à l’absurdité
*
aime-moi trop pour vouloir
me changer
si
on voit des papillons blancs on pense
à des coccinelles
les yeux permettent
des rapprochement surprenants
*
le langage
nous donne l’impression d’
un pouvoir sur
les choses
mais
nous n’en sommes que les véhicules
du langage et des choses