celui qui comprenait souriait
celui qui ne saisissait pas était triste
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
je me retrouve à considérer
l'existence
comme si elle venait d'au-delà du tombeau
d'un autre monde
tout m'est étrange
je suis pour ainsi dire
hors de mon propre corps et de mon individualité
je suis dépersonnalisé détaché à la dérive
est-ce de la folie
non
la folie signifie l'impossibilité de retrouver son équilibre normal après que l'esprit ait ainsi fait l'école buissonnière parmi des formes d'être extraterrestres et suivi Dante dans des mondes invisibles… alors qu'il me semble que mes transformations mentales ne sont que des expériences philosophiques
préparons nous à entendre l'espace crier
un temps
d’innocence précède la phrase physique
réflexion éphémère
des souffles flottants
des notes d’espace entrent en résonance en absence
de récepteurs en absence
de toute attente cache-cache
des signes matière
dans son enfance
Martina Kramer
atelier lumière où se joue une physique poétique
en attente d’un glissement
éléments suspendus entre les forces contraires
états incertains
soudaine conscience
instant de présence
idée de traverse
seule une personne
de compréhension réduite
désire arranger les choses en séries complètes
c'est l'incomplétude qui est désirable
en tout
mauvaise est la régularité
dans les palais
d'autrefois on laissait toujours un bâtiment inachevé
obligatoirement
autour
de son noyau une gravité construit
des mouvements cosmiques
des structures de vie
spirales ou méandres
courbures ou branchements contre la contrainte
d’espace résistance
des éléments
cohésion
de fines dentelles écume au seuil
d’un sens
Albany
Christophe Lamiot Enos
Albany des pommes et des oranges Californie - II est la suite d´un premier recueil publié en 2000 entreprise poétique et narrative que l´auteur présente ainsi
pas une situation rapportée qui n'ait été vécue, pas une évocation, développée ou non, détaillée ou à l'oblique, qui ne colle le plus possible à l'expérience événementielle : en faisant acte de remémoration (à partir des années 1997-1998), je me replace dans quelques-unes de mes circonstances californiennes (celles des années 1988-1989) pour en examiner, chronologiquement, la teneur (j'étais alors étudiant-enseignant à l'université de Berkeley).
Je raconte ce qui m'a le plus frappé.
Je rapporte ce que ma mémoire conserve à vif, images dominantes de ma quotidienneté.
Je procède par écriture (convocation de mots, de phrases, de sonorités, de rythmes) à une archéologie de l'amour que je porte à ces circonstances californiennes.
Je fais une sorte de compte rendu de ce que je crois leur devoir, en termes de langage, en termes de chair et de pensée à la fois.
Des pommes et des oranges, un peu sans doute comme on dit "apples and oranges" bien sûr, mais surtout comme on en mange, des pommes et des oranges.
IL FAIT NOIR, IL FAIT
Il fait noir, il fait
doux. Étire encore sur ta jambe
ta robe de soie,
que je cherche le long de ta jambe -
il fait noir, il fait
doux - ce motif, quelque chose vers
je ne sais trop quoi,
que je cherche, m´aidant du bout de
mes doigts, sur la soie.
Il fait noir, il fait roux. Par éclairs
de l´écran où passe
un film en noir et blanc, peut-être à
son bord, le tissu
dont la surface se froisse là
sous mes doigts s´amasse.
Serait doux, serait vert. Tu joues à,
espiègle, lisser
sur ta jambe avec tes doigts, cela
qui plisse, laissé
flottant, et qui remonte. Sur la
peau nue, à la fois
blanche et rousse et verte, de ta jambe -
il fait noir, il fait
doux - tremble la soie, peau de ta jambe
touchée sous mes doigts.
elle disait