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Si nous parvenons
à penser le verbe « habiter »
avec assez d’ampleur et de sens, il nomme pour nous la manière selon laquelle les hommes accomplissent sur terre et sous la voûte du ciel leur migration de la naissance jusqu’à la mort. Pareille migration peut revêtir bien des aspects et ne manque pas d’être riche en métamorphoses. Elle n’en constitue pas moins le trait foncier de l’habitation comme séjour humain entre terre et ciel, naissance et trépas, joie et douleur, œuvre et parole.
M. Heidegger,
Hebel – der Hausfreund
Ed. intégrale tome 13, p. 138-9
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L’habitation poétique de la terre doit s’entendre foncièrement comme migration, non comme attachement à la glèbe. En termes bibliques : la maison et le chameau. Mettons en regard de ce texte le propos d’un auteur contemporain relatif à l’esprit du judaïsme, en laissant au lecteur le soin d’en apprécier l’étrange et profonde consonance :
Il y a un balancement entre la « maison » et le « chameau ». La vie ne doit pas être entièrement et définitivement « maison », car on croulerait sous le poids du fixé et du définitif, de l’ordre et du rangement ; mais elle ne doit pas être non plus entièrement « chameau », car un voyage permanent transformerait le rêve en une prison en mouvement. La vie est à la fois la maison et le chemin !
M.-A. Ouaknin,
L’Alphabet expliqué aux enfants,
Paris, Seuil, 2012, p. 108.
Photographies
Joel Byberg Hyppönen
Kvitfjell, Norway
Awesome winter hiking photo
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