la poésie
met le doigt sur le point précis de la faille
du glissement inavoué
son esprit est reptilien
il se dérobe comme les serpents
il se dérobe jusqu’à attenter à nos langues
je veux dire à les laisser en suspens
*
j'aurais voulu trouver
quelque chose d'intelligent à vous dire
pour bien marquer ce qui nous sépare
mais inutile
je suis
un esprit pas encore formé
un imbécile
bête idiot sot ballot stupide
pensez de moi ce que vous voudrez
un homme
se possède par éclaircies
et même quand il se possède
il ne s’atteint pas
tout à fait
LODL
l'ombilic des limbes
L'Angoisse qui fait les fous
L'Angoisse qui fait les suicidés
L'Angoisse qui fait
les damnés
les condamnés
les réprouvés
les tourmentés
les torturés
les perdus
L'Angoisse que la médecine ne connaît pas
L'Angoisse que votre docteur n'entend pas
L'Angoisse qui lèse la vie
L'Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie
je suis celui
qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue
dans ses relations avec
la pensée la poésie et
l'imagination
je suis celui
qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes
de ses plus insoupçonnables
glissements et modifications
je suis celui
qui connaît les recoins
de la perte
de la disparition
de la fuite
de la ruine
de la défaite
de l'éloignement
je me perds
dans la pensée-poésie en vérité comme on rêve
comme on rentre subitement
dans sa pensée