Iana Stanislavovna Diaguiléva
en russe
Яна Станиславовна Дягилева
née le 4 septembre 1966 à Novossibirsk
morte en mai 1991
une chanteuse et poétesse russe surnommée
Yanka
son nom tout comme celui d’Alexandre Bachlatchev est celui du magnitizdat des temps de la perestroïka ce réseau d’édition informel l’équivalent du samizdat en littérature utilisant les enregistrements sur les bandes magnétiques et celui des kvartirniks du russe квартира appartement ces petits concerts improvisés entre amis qui s’invitent les uns chez les autres
surnommée parfois Patti Smith du punk russe elle se démarque par son côté solitaire elle refuse de donner les interviews
le 9 mai 1991 elle part de sa maison de campagne près de Novossibirsk pour ne plus revenir
le 17 mai son corps était retrouvé par un pêcheur dans la rivière Inia
sa mort est officiellement reconnue comme suicide
elle est enterrée à Novossibirsk
sur la question de sa mort Skalova évoque les nombreux doutes sur sa cause
A noter qu’elle a été repérée par l’extraordinaire passeur qu’est Jean-Baptiste Para qui a donné quelques traductions de ses poèmes
Trouer la brume du paradis est une introduction à la vie et à l’œuvre de Yanka Diaghileva comète qui brilla brièvement à la fin des années 80 sur la scène punk d’une Union soviétique à l’agonie
Elle a 25 ans lorsque son corps est repêché
sans vie dans les eaux de la rivière
Inia en Sibérie
Les raisons de sa mort
n’ont jamais été réellement élucidées
Marina Skalova traduit et commente
un ensemble de textes de
Yanka
Des mots écrits dans une langue abrupte
qui charrie des images étranges imprégnées d’éléments
folkloriques et mythologiques
Qu’il s’agisse de paroles de chansons ou de poèmes ils racontent une existence orientée par l’urgence et la précarité mais aussi par la nécessité de ne pas plier aux exigences d’un État dictatorial moribond
Yanka est la figure de proue d’un punk sibérien sorti de rien pour venir trouer la brume du paradis dans laquelle aime à se dissimuler l’enfer des régimes totalitaires
Au bord des pôles
il y a
des milliers
de kilomètres
de rien ou
de presque rien
dans ce presque réside la différence
le presque est la brèche d’où le punk peut surgir
*
Un poème de Yanka Diaghileva traduit par Marina Skalova
Comment vivre – on te le dira en réunion
Boire quoi – t’as qu’à lire l’oukase
Manger quoi – rubrique « conseils utiles »
La vie mode d’emploi – lis l’oukase trois fois
Et deux fois le papier sur les fusées ailées
Où vivre – va te renseigner au comité
Avec quoi – quelle question futile !
Chanter quoi – le parti va te l’indiquer
Sois un guerrier, rends-toi utile
Avec qui coucher – demande à la cellule
On t’y donnera une réponse conforme
Chaque indécence te couvre de honte
Cris « non » aux guerres des étoiles
Trouer la brume du paradis
L’Ours Blanc
n° 39
par Tristan Hordé
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