Beauté, notre souci
Samantha Walton
vit à Bristol et enseigne la Littérature Moderne
à l’université de Bath Spa
Elle s’est spécialisée dans l’étude des liens
entre santé mentale et nature.
L’idée que nous pouvons nous guérir grâce à la nature n’est certes pas récente, mais elle est de nouveau à l’ordre du jour depuis qu’on a établi scientifiquement que la nature avait une action curative indéniable.
En s’appuyant sur certains éléments (l’eau, l’air), certains environnements (les montagnes, la forêt, le jardin, le parc) ou certaines activités (cultiver, jardiner, nager, se promener) dont les effets bénéfiques sont, depuis des temps très anciens, attestés, Samantha Walton retrace l’histoire de nos relations avec la nature réelle avant de s’interroger sur les projets de développement d’une nature « virtuelle » capable de se substituer voire de remplacer la nature « réelle ».
Comment devons-nous penser
la nature,
est-elle propice à notre bien-être
?
Où est-elle
?
A-t-elle jamais existé
?
Au fond d’un jardin, au sommet des montagnes, dans la forêt, dans l’eau vive, dans des sources sacrées.
En s’adossant à l’histoire, à la science, à la littérature et à l’art, Walton établit que face à une crise sans précédent, à l’injustice sociale, à la dévastation environnementale, à la « solastalgie », les bienfaits issus de la communion avec la nature ne sont pas des chimères, tout en nous mettant aussi en garde contre les nombreuses récupérations opportunistes et capitalistes de ces « cures de nature ».
Volontiers provocatrice, Walton appelle de ses vœux des actions radicales à un moment où l’environnement est à la fois une source d’anxiété et une source de guérison.
Editions Corti
La solastalgie
est une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus, en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité, et par extension le réchauffement climatique.
Elle se rapproche en cela de l'éco-anxiété.
Le concept de solastalgie a été inventé en 2003 par le philosophe australien de l’environnement Glenn Albrecht et s’applique à certains liens entre la santé humaine et la santé environnementale, ce qui inclut la santé des écosystèmes, en particulier à travers « les effets cumulatifs des changements climatiques et environnementaux sur la santé mentale, émotionnelle et spirituelle »
On distingue la solastalgie, liée à un deuil de ce qui est déjà perdu, de l'éco-anxiété, liée à ce qui peut arriver (associée à un stress pré-traumatique, en référence au stress post-traumatique).
Les changements (potentiellement cataclysmiques et d'ampleur planétaire si rien n'est fait à la mesure du problème) semblent déjà en cours et au moins pour partie définitifs ; pour Vaishnavi Bhamidi (2019), ils sont tels que « le degré de traumatisme psychologique auquel un phénomène aussi répandu que le changement climatique peut donner lieu est sans précédent »
La médecin Alice Desbiolles décrit la solastalgie comme « l'expression du lien qui existe entre la détresse des écosystèmes et la détresse psychologique, quand la première engendre la seconde »
Selon Baptiste Morizot, la solastalgie fait partie des « signaux faibles » qui intéressent les prospectivistes ;
« nous ne sommes plus « chez nous » », semble penser un nombre croissant d'êtres humains qui ne reconnaissent plus « leur » ou « la » planète, notamment parce que « le climat qui préside à toutes les dynamiques écologiques est perturbé. ».
Selon une étude parue en 2019, « Compte tenu de la rapidité et de l'ampleur des changements climatiques ainsi que de la perte de biodiversité, de la pollution, de la déforestation, de l'extraction débridée de ressources et d'autres problèmes environnementaux, de plus en plus de personnes seront confrontées à la solastalgie »
Le mot anglais solastalgia est un néologisme inventé en 2003 par le philosophe australien de l'environnement Glenn Albrecht, qui publie un premier article consacré à cette notion en 20056.
C'est une combinaison de deux mots :
le nom latin sōlācium (consolation, réconfort) ou le verbe sōlor, sōlārī, qui désignent l'atténuation d'une détresse ou le fait d'apporter un réconfort, une consolation face à des événements pénibles
le suffixe -stalgia, tiré du nom nostalgie par coupure non étymologique (dans lequel le nom grec -algia évoque la douleur physique, la maladie ou, dans le cas présent, la douleur morale).
Selon E.P. Richards (2018), le concept a été construit par Glenn Albrecht pour servir de référence fantôme ou pour offrir une similitude structurelle avec le concept de nostalgie, ce qui fait qu'une référence de lieu lui est incorporée.
La solastalgie serait donc la douleur morale (voire une maladie nouvelle) causée par la perte (avec manque de réconfort et sentiment d'isolement) liée à l'état actuel d'un habitat naturel et de lieu ou territoires de vie
C'est aussi la douleur ressentie lorsqu'on prend conscience que l'endroit où l'on réside et/ou qu'on aime est dégradé (irrémédiablement ou pour très longtemps aux échelles humaines de temps).
La solastalgie a donc quelque chose à voir avec un mal du pays notamment projeté vers le futur.