il y a
un bâillement entre soi et le monde
un suspens
une écoute
c’est là que le langage prend vie
dans cet espace où du jeu
peut s’inscrire
usine
urgente
du désir
futur
instantané
fissure
brûlante
l'un l'une
éperdus
syncope
utopique
de l'ultime
ravissement
dans l'abandon ravi
d'une euphorie captive transportée
d'ivresse sauvage insouciante tu m'a emprisonné sans
défense lent grisé soumis subtilisés pris
d'émerveillement nous nous sommes séduits rapt
de bonheur sans trêve forçats ivres
de joie nous nous
dévêtissons
vois la
veine
vibrante
la voile
s'enflant
le tendre
vermeil
le pouls
versatile
les corps
vacillants
les chairs
ravies
c’est une parole
qui passe
par
des points singuliers
de présence
par
une finitude qui ne ferme pas
mais s’abouche
à
du devenir et l’incarne lui
donne corps
le parler-poème est
un écart
où
les termes se mettent à frémir à sortir
des représentations
déjà prêtes
du monde
domestiqué
il vient penser
dans
un foyer
de relations et ce foyer
est
un mot nouveau pour penser
les mots
ne sont pas ici
une information qui s’ajoute à
une autre
ils suspendent
déplacent
le sens
la question
du poème ne se limite pas à la poésie
dans sa forme reconnaissable
identifiable
c’est
un
don
de soi au
danger qui menace le monde
c’est
une attention
à la vie sensible partout menacée
la troisième moitié
n’est
ni la chose elle-même
ni ce que l’on saisit d’elle
mais
le tiers
secrètement inclus
où le monde redevient infini
le temps
ne donne que ce qu'il a
et il n'a
que ce qu'il est lui-même