encore
un pas
dans la guérison
et
l’esprit libre se rapproche de la vie
lentement il est vrai
presque
à contre-cœur
presque avec défiance
tout se fait
de nouveau plus chaud autour de lui
plus
doré pour ainsi
dire
sentiment et sympathie
acquièrent
de la profondeur
des brises tièdes
de toute sorte passent au-dessus
de lui
il se trouve
presque comme
si
ses yeux
s’ouvraient pour la première fois
aux choses prochaines
il est émerveillé
et
s’assied en silence
où
était-il donc
ces choses prochaines et proches
comme elles lui semblent
changées
quel duvet et quel charme
elles ont cependant
revêtus
il jette en arrière
un regard de reconnaissance
pour ses voyages
pour sa dureté et son aliénation de soi-même
pour ses regards au loin
et ses vols d’oiseau
dans les hauteurs froides
quel bonheur
de n’être pas resté toujours à la maison
toujours chez lui comme
un douillet
un engourdi de casanier
quel frisson inéprouvé
quel bonheur encore dans la lassitude
l’ancienne maladie
les rechutes du convalescent
comme il se complaît
à rester tranquillement assis avec son mal
à filer la patience
à se coucher au soleil
qui
comprend
comme lui
le bonheur
qu’
il y a
dans l’hiver
dans
les taches de soleil
sur la muraille
ils sont
les animaux les plus reconnaissants du monde et les plus modestes
ces convalescents
ces lézards à demi revenus à la vie
il y a
tels parmi eux
qui ne laissent pas passer
un jour
sans lui appendre au bas de sa robe traînante
un petit couplet louangeur
et
pour parler sérieusement
c’est
une cure à fond contre tout pessimisme
le cancer comme on sait des vieux idéalistes et héros du mensonge
que de tomber malade à la façon de ces esprits libres
de rester malade
un bon bout de temps
et puis
lentement
bien lentement
de revenir en bonne
j’entends
en
meilleure santé
il y a
science
science de vivre
à ne s’administrer longtemps
à soi-même
la santé
qu’à petites doses