*
Certains
discours
présentent
la langue comme un tout
organisé
autour
duquel se développent des enjeux
politiques
Il
faut
la
parler correctement
stéréotypes
et formes littéraires
respecter
les
codes établis
lexique
sémantique rhétorique
la
défendre
la
promouvoir
l'exalter
comme langue maternelle
la
sauver d'un danger
et
surtout
il
faut
construire
autour d'elle
une communauté à
laquelle
les
locuteurs devront s'identifier
*
Le monolinguisme de l'autre
déconstruit
ce discours
On
ne peut jamais
s'assimiler
à la langue
car
elle n'est pas une possession naturelle
mais
une
loi reçue d'un
autre
Répéter
cette
loi sans aucune autre promesse est
un
déni de la parole
Une
langue
enlisée
dans la quotidienneté
usée
affadie
dégradée
elle
ignore
la
part d'aliénation irréductible
dont
elle est porteuse et que les discours
sur
l'identité culturelle tentent de masquer
Mais
si
la langue n'est plus un support
d'identification
que
peut-on en attendre?
Comment
en parler et comment
parler?
Il
ne s'agit pas
de
la remplacer par une imaginaire
langue
de l'autre
ni
de fabriquer une nouvelle
langue
Pour
déjouer les pièges
du
monolinguisme et les illusions
de
l'appropriation
c'est
vers une forme de
traduction
qu'il
faut se tourner
dérégler
et déformer la monolangue
la
transformer
en
langue
de personne
l'investir
de corps étrangers
greffes
et anomalies
contrarier
la loi
en
elle
en
un mot
la
désapproprier
C'est
ce que D. appelle
écriture
Cette
écriture-là
n'est
pas celle de l'écrivain
qui
prend en charge le génie de son peuple
mais
exactement
l'inverse
C'est
celle de ceux qui ont
foi
dans la langue
Pour
ceux-là
la
promesse ne délivre aucun
contenu
elle
n'est porteuse d'aucun
salut
Leur
pensée ne prétend
à
l'universel qu'en se retirant devant
le
langage
L'autre langue
ne
s'invente que par les passages et les
traductions
Des
événements arrivent à la langue.
ils
passent par certains poètes philosophes écrivains
ou
par l'idiome de n'importe qui
ils
promettent
à la langue
une
désappropriation
un
renouvellement
.