même si
l'abri de ta nuit est peu sûr
et ton but encore lointain
sache qu'il n'existe pas de chemin sans terme
ne sois pas triste
tu coules presque trop fort pour moi
source de joie
!
bien souvent
tu vides mon verre en essayant de le remplir
il me faut apprendre encore à t'approcher
plus
modestement
mon cœur s'élance trop fort vers toi
mon cœur
où brûle mon été court torride
mélancolique et bienheureux
ah !
que mon cœur d'été
désire ta fraîcheur
!
Adieu
tristesses hésitantes de mon printemps
!
Adieu
neiges d'un juin perfide
je suis
devenu tout été
je suis
midi en plein été
l'été sur la cime des cimes
avec ses ruisseaux froids et sa paix bienheureuse :
oh !
venez ici
mes amis
pour que le calme soit encore plus radieux
Assieds-toi
sur les bords d’
un ruisseau
et vois le passage de la vie
que cet indice d’
un monde passager nous suffit
car c'est ici notre altitude
car c'est ici notre patrie
nous
sommes trop haut
la pente est trop raide pour les impurs
et pour leur soif
mais
vous mes amis
jetez vos yeux purs dans la
fontaine de ma joie
!
vous ne sauriez troubler ses ondes
sa pureté vous sourira
*
c’est le privilège extraordinaire de la joie que cette aptitude à persévérer alors que sa cause est entendue et condamnée cet art quasi féminin de ne se rendre à aucune raison d’ignorer allègrement l’adversité la plus manifeste comme les contradictions les plus flagrantes
le langage courant a donc raison de parler de
joie folle
de dire qu’on est
fou de joie