Paul Celan cite la première
phrase de la nouvelle de Büchner intitulée Lenz :
Le 20 janvier,
Lenz traversait la montagne.
Cette phrase,
datée,
désigne une personne,
un certain jour,
en un certain lieu.
Cette personne est un Je,
qui fait un certain pas dans une certaine direction.
Les poèmes,
eux aussi,
sont écrits un certain jour,
en un certain lieu.
A partir de là,
chaque poème est lui-même,
libre.
De même que Lenz
peut suivre son propre chemin,
le poème a un destin imprévisible.
On ne sait par quels
tournants sa réception passera.
source Idixa
Lenz est un court récit où Büchner suit la dérive intérieure du poète Jakob Lenz tandis qu'il marche dans les montagnes des Vosges happé par un trouble mental grandissant le texte décrit son rapport déchiré au monde où chaque sensation devient trop vive trop lourde trop aiguë et où la réalité se dédouble sous son regard
Lenz cherche refuge auprès du pasteur Oberlin mais son esprit glisse sans cesse vers l'anxiété la confusion et la fragmentation il se débat avec la création poétique qu'il voudrait vivante incarnée concrète et non idéalisée il oscille entre élans mystiques et désespoir brut incapable de trouver un centre où se poser la nature autour de lui reflète ses abîmes intérieurs tantôt sublime tantôt hostile ce récit montre la lente désagrégation d'une conscience hypersensible qui ne parvient plus à habiter le monde et se perd dans une lucidité douloureuse où l'être lui même finit par vaciller
.