je faisais le voyage que j’avais lu
Benoît Casas
au sommet du campanile
j’embrassais Venise
aussi horizontale que New York est verticale
aquarellée
lavée
d’averses
par
un vent violent
qui secoue la lagune
poussant des nuages légers
qui a parlé de la tristesse de Venise
n’a donc jamais vu cette lumière
ce ciel ardent
ce mouvement
cette vie marine
Acqua alta dit
une voix
et les mes se vident
les magasins baissent leur rideau
marcher sur les eaux n’étonne personne
Venise
est
un défi
un labyrinthe
un archipel
une énigme
*
regarder une ville au travers d’un kaléidoscope : voilà, sous forme d’abécédaire le jeu subtil et malicieux auquel se livre Benoît Casas
mille éclats mille facettes parcours saisons couleurs pensées : on y rencontre Venise
Et tous ceux qui l’ont un jour aimée
***
Le thème récurrent du reflet et du labyrinthe suffirait à présenter Venise. Pour que la ville soit "toute", Benoît Casas cite plusieurs fois des lieux emblématiques (Saint Marc, Santa Maria dei Miracoli), des peintres (Le Tintoret, Tiepolo) et un écrivain (Ezra Pound) dont les noms sont liés à Venise ; il n’oublie pas non plus, très présente, « l’odeur des entrailles de la ville ». L’essentiel est de restituer l’extrême « diversité » qui tient notamment au fait que « Toutes [les] couches du passé, dans cette ville, appartiennent simultanément au présent » ; les reprises et variations tout au long du livre disent le caractère inépuisable de la ville et que « on ne la connaît jamais ». Une réussite.
Tristan Hordé
sitaudis