Wang Wei
visite le monastère du Parfum accumulé
j'ignore où se trouve le monastère du Parfum accumulé
à peine quelques li déjà
je pénètre dans les nuages et les pics
sur le sentier au milieu d'arbres antiques personne
au profond de la montagne
le son d'une cloche d'on ne sait où
la couleur du soleil est refroidie à travers les pins verts
au crépuscule l'étang est désert
calme contemplation
dragon venimeux apprivoisé
Wang Wei (王维)
est l’une des figures majeures de la poésie chinoise de la dynastie Tang souvent considéré comme l’incarnation de l’harmonie entre art nature et spiritualité
Wang Wei naît en 701 dans une famille cultivée du Shanxi au nord de la Chine Très jeune il manifeste un talent précoce pour la poésie la musique et la peinture Il réussit les examens impériaux et entame une carrière administrative brillante à la cour des Tang Cependant son tempérament contemplatif et son goût pour la retraite l’amènent souvent à se détacher des affaires publiques
sa vie est marquée par un équilibre entre service politique et quête spirituelle Converti au bouddhisme chan zen il pratique la méditation et la solitude Après la mort de sa mère il se retire fréquemment dans son domaine de Wangchuan près de Chang’an où il compose ses poèmes les plus célèbres décrivant les montagnes les rivières les saisons et le silence du monde
Vers la fin de sa vie, lors de la rébellion d’An Lushan 755 il est capturé par les rebelles mais reprend plus tard du service sous les Tang Il meurt en 761 laissant une œuvre à la fois poétique et picturale qui influencera durablement la tradition chinoise
son art repose sur la fusion du bouddhisme et du taoïsme : le détachement la simplicité la perception immédiate du réel La montagne la brume l’eau les pins et la lune y deviennent des symboles de l’unité entre le monde et l’esprit
le nuage passe
sans laisser d’ombre
je comprends le mot rien
matin d’automne
le vent pur efface la poussière des chemins
la rivière lente reflète un nuage immobile
un pêcheur pousse sa barque sans bruit
le monde entier semble respirer doucement
sur la pierre humide
je dépose ma fatigue
le monde tient dans une goutte