marche #57
Pour précipiter les coïncidences et recevoir
les fruits du hasard
il n’y a
qu’
une méthode
qu’
une piste possible
c’
est
la dérive
lorsque
j’y repense
j’ai l’impression
d’
un enchantement
Le ciel bleu et le soleil font étinceler les vitres des immeubles. Les bruits du jour, les images s’éloignent. J’y demeure. N’en reste qu’une trace mouvante très longue à s’effacer. Dans le reflet de l’impossible, dans un écho différent du jour nous attendons nos possibles. Nous engendrons ce rapport dans la tension dans laquelle nous grandissons. L’écoute peut-être ou le passage d’un souffle à peine comme l’oubli dans la descente. Mais le paysage m’envahit, m’accompagne. La lumière se reflète sur tous ces fragments. L’immeuble fait de passages et de contradictions. L’escalier comme lieu inédit de rendez-vous, de refuge. En surimpression nos silhouettes sympathisent. Le contraste est frappant. Au-delà du raisonnable le risque zéro est impossible. Couper court, il faut oser je sais. Je viens vers toi.
Fugue à deux voix et multiples combinaisons
ce texte hybride travaille sur le lieu de la rencontre, le processus de sa révélation et l’invention de cet amour (invention, car en musique il s’agit d’une fugue à deux voix, tandis qu’en archéologie c’est la découverte d’un site, d’un lieu) sous la forme d’une histoire, celle de Sandor et Nyssia.
l’escalier monumental de la gare Saint-Charles à Marseille est composé de 104 marches. Ce récit raconte la rencontre de ce couple, à travers le temps, dans l’espace de cet escalier. Il est composé de 104 textes, répartis ainsi : 52 textes pour le personnage de Nyssia, et 52 textes pour le personnage de Sandor.
liminaire
marche #71
l’escalier n’est pas l’emplacement de l’espace
il présuppose déjà
une certaine dimension spatiale
sans laquelle il ne pourrait pas exister
l’escalier n’est pas seulement
un élément du décor
il est la figure concrète de l’espace qui produit l’événement
et en détermine le sens
un escalier n’existe pas dans le vide
même s’il ne mène nulle part
il repose sur
un sol
et se démarque justement par rapport à ce sol
sur lequel il s’élève
ce sol est
une première dimension spatiale
qui se définit par l’étendue
délimitée par la ligne horizontale
l’escalier donne accès à
un ailleurs
on y passe d’
un endroit à l’autre
mais c’est déjà ce qui arrive dans le mouvement
de gravir les marches
la perspective de l’espace
change sous nos pas notre appréhension
il nous faut sans cesse
ajuster les distances mouvantes
entre le haut et le bas
enfin
arrivé à son terme ces rapports
se renversent
un escalier
c’est à la fois
une ligne horizontale pour la stabilité
et
une ligne verticale pour la hauteur
l'
esprit d'escalier
se présente également sous la forme
d’
un jeu de carte
ici