Tout se passe comme s'il n'existait qu'un seul univers, le second se volatilisant dans les brumes d'une puérile féerie. Sous la trépidation des affaires, de l'activité lucrative, la porcelaine des rêves s'émiette. C'est littéralement l'affaire d'un instant. Le soir rassemble les débris de l'homme au travail. La nuit recolle les désirs que le balai des gestes mécanisés a poussés au rebut. Elle les rajuste tant bien que mal : dix à l'envers pour un à l'endroit, du côté de l'amour s'il en reste. A l'aube, le scénario se répétera, enrichi des fatigues de la veille. Jusqu'à ce que, jour et nuit confondus, le lit se replie sur un corps définitivement vaincu, ensevelissant dans son linceul une vie qui faillit tant de fois s'éveiller. C'est ce qu'ils appellent la " dure réalité des choses " ou, avec cynisme désopilant, la " condition humaine ".
Lire Raoul vaneigem, adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire, Seghers.
L.A. photographie, gare de Lyon, Paris, septembre 2009
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