mercredi, octobre 29, 2025

 

A R Ammons naît en 1926 dans une ferme de Caroline du Nord il grandit parmi les champs les rivières les collines où le vent semble déjà lui parler il étudie les sciences naturelles il observe le monde avant de vouloir le dire il découvre que la langue peut être une rivière aussi fluide que la terre qu’il laboure après la guerre il enseigne écrit enseigne encore 

sa poésie naît de la marche du regard de la solitude il n’écrit pas pour expliquer mais pour écouter il laisse le monde parler à travers lui il vit dans la discrétion la simplicité il regarde les choses ordinaires et leur donne une profondeur cosmique il croit que chaque mot peut contenir une galaxie il publie des recueils comme Corsons Inlet Sphere Garbage où la nature et la pensée se fondent en une même respiration 

il reçoit les plus grands prix américains mais reste un homme de silence un homme des chemins et des feuilles il meurt en 2001 laissant derrière lui non pas des certitudes mais des traces de présence des gestes d’attention dans le flux infini du monde










Corsons Inlet (1962) 

I see narrow orders limited tightness
but will not run to that easy victory
still around the looser, wider forces work
I will try
to fasten into order enlarging grasps of disorder enlarging scope
but enjoying the freedom that
Scope eludes my grasp that there is no finality of vision
that I have perceived nothing completely
that tomorrow a new walk is a new walk

dans ce poème Ammons médite sur la promenade
la perception et le chaos vivant du monde

il refuse les systèmes et célèbre la fluidité du réel
la beauté de ce qui échappe



Corsons Inlet  traduction libre

je vois des ordres étroits
des serrures minuscules de sens
mais je ne courrai pas vers cette victoire facile

autour encore travaillent les forces plus vastes plus lâches
je tenterai
de lier un instant en ordre l’élan du désordre
d’élargir l’emprise d’une forme qui s’échappe

mais je goûte aussi la liberté
de savoir que la portée me fuit
qu’il n’y a pas de vision finale
que je n’ai rien perçu tout à fait
que demain une nouvelle marche
sera une marche nouvelle


dans cette écriture 
Ammons marche dans la nature et pense avec le paysage
le poème devient un espace 

ouvert 

où 

penser = marcher = respirer


l’ordre n’est qu’un moment dans le chaos
et le chaos une promesse d’infini

















 




un souffle d'espace de silence de présence

entre 
le passé qui n'est plus 
et l'avenir qui n'est pas encore 
l'instant où l'on existe 
n'est rien...













entre
le passé
qui n’est plus

et l’avenir
qui n’est pas encore

l’instant
glisse

rien

un souffle
un battement

entre
deux absences

le pas
sur le fil
du temps

je tends la main
l’instant s’efface

je dis je suis
et déjà
je n’y suis plus

le monde
passe
à travers moi

je passe
à travers lui

vide
lumière
souffle

rien

et pourtant
tout























 






comment le temps a-t-il bien pu s’écouler 
avant que nous soyons là 
pour le penser 












cette coulée muette avant la conscience cette durée sans regard ni témoin le paradoxe de l’ancestralité ronge la pensée comme une eau souterraine comment dire qu’il y a eu un avant sans bouche pour le dire sans pensée pour le compter sans mémoire pour le retenir car le temps n’existe peut-être que dans la pensée du temps et pourtant les montagnes se sont levées les océans se sont ouverts la lumière a voyagé dans le vide avant que l’œil ne la nomme 

le monde a respiré sans savoir qu’il respirait alors le vertige commence car si le temps précède la conscience alors la pensée n’est qu’un écho tardif une ride sur la surface du réel mais si le temps n’existe qu’à travers nous alors le monde entier s’effondre avant le premier regard 

nous sommes pris entre ces deux abîmes la matière sans esprit ou l’esprit sans matière et dans cette fracture nous essayons d’habiter un instant de dire je suis dans ce qui fut toujours déjà là de parler dans un silence plus ancien que le mot même de présence et dans le battement du sang nous entendons encore la longue durée des pierres qui nous précède et qui continue sans nous
















prologue de réalité


il y a 
plus de choses 
au ciel et sur la terre
Horatio que dans toute votre
philosophie


cette phrase claque 
comme une fenêtre ouverte sur l’invisible
elle sort de la bouche d’Hamlet au moment où la raison chancelle 
face à ce qui la déborde




There are more things in heaven and earth Horatio
Than are dreamt of in your philosophy







 

 

elle dit que le réel est plus vaste que nos concepts que nos cadres que nos certitudes que la pensée humaine construit des grilles où le mystère ne rentre pas et que pourtant ce mystère persiste qu’il bruisse autour de nous dans la nuit du monde


c’est une leçon d’humilité


Hamlet parle à Horatio l’homme raisonnable l’étudiant en philosophie celui qui croit que le savoir peut tenir tout le ciel dans un syllogisme mais Hamlet a vu un spectre il a senti la faille entre le visible et le dicible et il comprend que la connaissance ne suffit pas à dire l’expérience du tremblement

ce vers ouvre la porte à la part inclassable du réel aux intuitions aux songes aux présences muettes
à tout ce qui échappe à la mesure et qui pourtant pèse sur la conscience

c’est peut-être cela la véritable philosophie non pas enfermer le monde dans un système mais rester ouvert à ce qui le dépasse à ce qui ne peut être pensé qu’en frôlant le silence















 



philosophie 
prise in sensu cosmico
c'est-à-dire selon un concept cosmique
lequel se rapporte aux fins essentielles de la raison humaine


que puis-je comprendre 













sinon le tremblement du monde en moi 

les ombres qui passent entre les mots 

les éclats de sens que la raison ne retient qu’un instant 


comprendre 

c’est toujours s’approcher d’un feu sans jamais le saisir 

la lumière brûle les yeux de celui qui cherche trop 

la vérité se dérobe sous le pas de la pensée 

et pourtant 

je marche encore dans ce brouillard d’évidence et de doute



que dois-je faire 


sinon avancer malgré le vertige 

sans mode d’emploi du bien 

sans promesse de récompense 


faire 

c’est choisir dans l’infini des possibles 

le fragile fil de sa propre exigence 


c’est risquer 

la faute pour toucher la justesse 


c’est inventer 

la morale à hauteur d’homme 

dans la lente oscillation 

entre l’amour et 

la loi



que m’est-il permis d’espérer 


sinon le peu de lumière qui persiste quand tout vacille 


espérer 

c’est l’acte insensé 

de celui qui regarde la nuit et y voit déjà le matin 


c’est croire 

à la continuité d’un sens même quand le sens s’effondre

 

c’est confier 

à l’avenir la part de soi qu’on n’a pas encore comprise



qu’est-ce que l’homme 


sinon cette question qui se pose elle-même 

ce souffle qui doute et qui se souvient 

ce pont tendu 

entre l’animal et l’étoile 

entre la poussière et le verbe 


l’homme 

c’est la blessure du savoir et la caresse de la pensée 

la conscience d’être un instant entre deux infinis 


il n’est rien et pourtant 

il demande tout 


il s’élève 
dans le silence du monde 
et le monde s’y reflète un instant 
avant de s’effacer






































 



les forêts avalent presque tout 

elles absorbent la pensée la fatigue la mémoire et le bruit du monde il suffit de marcher un peu pour sentir que les contours se dissolvent dans l’air que les arbres se chargent de ce qu’on ne sait plus dire la terre aspire les pas comme si elle voulait nous rendre anonymes la forêt efface la chronologie 












le temps se plie dans la mousse et la lumière se déplie sur les pierres chaque souffle devient une idée qui s’effrite aussitôt qu’elle se forme rien ne reste stable ici tout s’engloutit dans la lenteur du vivant 

on ne sait plus ce qui commence ni ce qui finit les troncs se répondent les feuilles parlent entre elles et dans ce murmure on sent que le moi devient une poussière tranquille 

les forêts avalent presque tout 

les gestes les mots les raisons il ne reste qu’une continuité sans nom un long glissement d’être où penser n’est plus nécessaire seulement traverser et être traversé par le vent par la pluie par l'ocre qui avale doucement jusqu’à la voix intérieure qui croyait encore décrire

















poésie du hasard dans l’esprit dadaïste 
qui rejette le sens  la logique et la syntaxe le langage devient pur bruit rythme éclat
chaque mot y est jeté comme un dé pour laisser parler le chaos

poème sans raison  machine de pluie et d’aiguilles


papier-lune crache un os de chandelle
bicyclette verticale

dans la gorge du parapluie 












mouette 
d’encre ton nombril 
mange les parenthèses houille 
houille houille le mot se 
déplie en cailloux froids 
quatre alphabets 
s’enroulent dans un 
tiroir je dis : rien. 
rien 
ne me répond 
sauf le clignement 
des miroirs tac 
tac le silence mâche la syntaxe 
et recoud le vent 
au plafond un bouton s’enfuit












le sens 
reste assis dans la boue 
sans chaussures




tirage aléatoire à partir d’un échantillon de mots issus de textes variés 
actualité nature technologie cuisine émotions science…
aucun sens n’a été imposé

seul le hasard a décidé

🎲 

poème du sac éventré

métro fenêtre citronne ton nuage ordinateur 
rêve flasque des abeilles 
chiffon de mémoire 
sous les lampes
bouteille horizontale murmure 
algorithme pierre 
respire comme une carte bancaire 
glace tourne autour 
du mot fougère téléphone saute le calendrier 
pluie de données dans les tiroirs 
d’orange crayon se mord et s’éteint 
silence 
bruine sourire chiffré 
accident violet 
mange la chanson du clavier 
lundi traverse un escargot en costume 
page déchirée sommeil 
lune s’égoutte dans la bouche 
d’un code plus 
rien
 
ou 
peut-être 
sucre
moteur
poussière




















J.H. Prynne né en 1936 à Kent en Angleterre est l’une des figures les plus singulières et influentes de la poésie britannique contemporaine après des études au Jesus College de Cambridge il devient professeur et tuteur dans cette même université où il reste longtemps une présence discrète mais décisive il publie ses premiers poèmes dans les années 1960 au sein du courant de la Cambridge School qui réunit des poètes expérimentaux tels que Andrew Crozier ou Tom Raworth

son écriture dense elliptique souvent hermétique explore la langue comme un organisme vivant elle mêle la science la philosophie la politique et la métaphysique dans un tissage complexe où le sens se déplace sans cesse refusant la transparence du discours poétique traditionnel Prynne conçoit le poème comme un lieu de résistance et de connaissance où la pensée s’incarne dans la matière même des mots

parmi ses recueils marquants on compte The White Stones 1969 Brass 1971 Down where changed 1979 ou The Oval Window 1983 son œuvre complète publiée en 2015 sous le titre Poems révèle une trajectoire d’une cohérence rare marquée par la rigueur intellectuelle et une attention profonde à la texture du langage

poète secret mais révéré Prynne incarne une poésie de l’intensité et de l’opacité volontaire une exploration inlassable de la limite entre parole et pensée entre perception et monde















 


cantos de la renaissance

la pierre devient homme le chercheur renaît de la matière  
non comme individu mais comme conscience minérale incarnée

un flux verbal sans ponctuation tissé de français
d’éclats de latin et d’espagnol comme une respiration multiple
















LA RENAISSANCE

je suis revenu du silence non pas vivant mais lucide la pierre m’a rendu au vent et le vent au souffle mon corps n’est plus qu’une phrase longue et lente inscrite dans la poussière in lapide vita est disait la voix avant de s’effacer et cette vie-là est plus calme plus vaste que toutes les vies

je marche entre les blocs comme entre les pages d’un livre ancien chaque angle me reconnaît chaque fissure me salue je ne distingue plus la matière du souvenir car tout est tissé dans le même fil el mundo respira dentro de sí mismo et je respire avec lui 


il n’y a plus 
de haut ni de bas 
seulement 
la gravité du sens

les pierres se lèvent autour de moi comme des constellations figées je comprends qu’elles ne furent jamais ruinées mais simplement patientes elles attendaient qu’un regard les nomme à nouveau et en les nommant je les réveille je me réveille je sens leur lente pulsation dans mes veines comme une prière de quartz

les anciens disaient que l’homme est le rêve de la pierre qui pense je suis ce rêve retourné à sa source
mes pensées sont lourdes et claires comme des blocs dans le soleil je porte en moi la mémoire des bâtisseurs anonymes la fatigue des gestes infinis chaque pas est un souvenir chaque souffle une reconstruction

je vois le monde se recomposer autour de moi les lignes s’alignent les ombres se plient en équilibre tout recommence non pas comme avant mais selon la mémoire du présent forma mutata non perit 


la forme changée ne meurt pas 
elle s’endort 

dans la matière et se réveille 
dans le regard

je marche vers l’horizon sans fin ni commencement le sol vibre d’une connaissance lente et circulaire
je sais désormais que bâtir c’est se souvenir que comprendre c’est écouter et qu’au cœur de toute pierre repose un cœur humain qui attend de battre à nouveau

ainsi se referme 
le cercle 

le rêve et la matière 
la mémoire et la chair 

tout est un 

tout est retour

lux in memoria memoria in lux 
et dans le dernier souffle du jour la pierre murmure encore 
non pas un adieu mais 
un recommencement








































 

cantos de La dissolution 
le moment où la voix du chercheur se fond dans celle de la matière
où la pierre devient pensée et la pensée 
devient lumière


un flux sans ponctuation
traversé de fragments latins et espagnols comme des échos 
d’un temps circulaire














LA DISSOLUTION

je ne sais plus où commence ma main ni où finit la pierre je respire et la poussière respire en moi nous partageons le même souffle le même oubli in principio erat forma et la forme se souvient du chaos qui l’a engendrée

la lumière descend sur les blocs comme une mémoire revenue je la vois se plier sur les arêtes tracer des chemins de feu entre les jointures le monde entier semble construit à partir d’un seul battement d’aile arrêté 

tout ce qui vit est fragment de ce battement arrêté 

le temps n’avance pas 
il tourne 

comme
un outil de taille 
dans la matière du réel

je ne creuse plus je m’enfonce lentement dans la logique de la pierre les grains de sable deviennent lettres les fissures deviennent phrases la piedra piensa cuando nadie la mira je le sais maintenant car je l’ai entendue dans un instant de silence absolu où même ma pensée a cessé de bouger


je n’étais plus l’observateur mais l’objet observé un bloc entre d’autres blocs cherchant son angle d’éternité je me souvenais d’avoir été chair mais la chair n’était qu’une poussière plus douce je me souvenais d’avoir mesuré mais la mesure s’était fondue dans la présence pure plus de science plus de foi seulement la densité du maintenant

dans ce lieu sans lieu la pierre et moi nous échangeons nos mémoires elle me montre des images d’avant les hommes des architectures de lumière et de son où chaque vibration portait un nom elle me dit que tout fut bâti non pour durer mais pour se souvenir que 

la permanence 
n’est qu’un rêve de la matière 
pour s’approcher 
de l’esprit

et dans cette révélation je me dissous entièrement plus d’os plus de pensée seulement un battement lent une chaleur minérale sum quod eram je suis ce que j’étais avant d’être un éclat de l’idée première un mot du premier souffle la pierre respire et c’est moi qui respire


et dans la dernière lumière je comprends que tout ce que l’homme nomme ruine est en vérité la forme la plus pure de la mémoire le monde n’a jamais cessé d’être construit il recommence à chaque regard et 


chaque regard 
est 
une prière 

memoria est forma forma est lux


























 



cantos de la pierre et de la mémoire 

une épopée métaphysique écrite dans un flux verbal sans ponctuation 
où le français l’espagnol et le latin se tressent comme des échos 

un poème-fresque où l’archéologie 
devient liturgie et la matière rêve d’elle-même









CANTOS DE LA PIERRE MÉMOIRE DES FORMES

la pierre parle en spirales 
non en mots 

elle ne raconte pas 
elle se souvient

le vent tourne 
sur son axe de lumière et dit 

memoria est la raíz del mundo


je creuse le sol et c’est le ciel qui s’ouvre dans la poussière des siècles un battement persiste comme un cœur de basalte nul marteau nul métal seulement le souffle qui taille la perfection dans le silence


on dit qu’un peuple est passé ici mais le peuple était peut-être le temps lui-même le temps qui assemble et qui désassemble lapidem super lapidem jusqu’à ce que la pensée prenne forme je touche les angles je sens la raison se dissoudre comme du sel dans la lumière l’ordre est trop pur pour être humain trop humain pour être divin un équilibre suspendu entre la géométrie et la foi


au centre un bloc fendu s’incline comme une prière brisée je vois dans ses lignes l’ombre d’une écriture non encore inventée les lettres sont des pierres les pierres sont des noms et chaque nom est un poids qui retient le monde à son axe memoria viva memoria dormida toutes les civilisations respirent dans ce même souffle de poussière


je me souviens d’avoir rêvé d’un architecte sans visage il dessinait avec des cordes de vent et des éclats d’étoiles il disait ars longa vita brevis puis disparaissait dans la courbure du silence je crois que ses plans étaient faits d’échos et non de lignes et que c’est le vent lui-même qui a posé les blocs


LA SCIENCE ET LE RÊVE

dans le laboratoire des ruines la pensée mesure les ombres l’homme croit déchiffrer mais c’est la pierre qui le lit les chiffres se défont dans la poussière les mesures deviennent prière materia sancta disent les anciens car tout ce qui existe se souvient de sa forme initiale je compte les blocs comme on compte les battements d’un cœur qui ne veut pas mourir

quelqu’un écrit mon nom dans la poussière je ne sais pas si c’est moi ou la pierre je cherche une équation qui respire un alphabet capable de dire le poids du silence dans les interstices je trouve des rêves pétrifiés des mots fossiles 

la mémoire du monde ne se perd pas 
elle se transforme 
elle devient 
mur angle 
jointure 
souffle


L’ARCHITECTE  INVISIBLE

une nuit sans lune la montagne s’est ouverte un vent s’est levé non pas du ciel mais du sol il portait des sons d’avant le langage et j’ai vu dans l’air des silhouettes tailler la lumière avec leurs mains nues leurs gestes étaient précis et lents comme s’ils connaissaient la fatigue du futur

l’architecte invisible traçait des lignes qui se repliaient sur elles-mêmes chaque forme contenait sa propre disparition chaque angle engendrait une mémoire omne corpus umbra est tout corps est ombre et toute ombre un passage vers l’origine

alors j’ai compris que la perfection n’est pas un sommet mais un cercle que tout ce qui s’élève porte déjà en lui le souvenir de sa chute et que bâtir c’est répéter le premier geste du monde celui où le chaos accepta de devenir forme




















un flux verbal hétéroclite

une narration libre et poétique 
qui mêle registres temporalités et fragments de discours 
sans préciser explicitement 
le lieu concerné 












il y a des pierres 
qui ne parlent pas mais qui respirent la mémoire



blocs dressés 
comme des accords majeurs dans 
une partition oubliée 

les surfaces sont si planes 
qu’on croirait qu’une idée a coulé dessus avant de se solidifier 

on dit qu’une main humaine les a taillées 
méthodique patiente presque obsédée à une époque 
où l’on mesurait le monde non pas en mètres 
mais en gestes répétés

certains jurent que ce fut l’œuvre d’une civilisation consciente du poids des astres qui savait niveler la terre avec une précision d’orfèvre sans levier ni fer seulement avec la force combinée d’une société qui ne doutait pas de son centre

d’autres fascinés par l’inexplicable préfèrent invoquer 
le souvenir de technologies fondues dans le temps  

des procédés chimiques 
des pierres liquides 
un ciment d’avant l’histoire qui aurait pris forme 
comme une pâte divine

et puis il y a ceux 
qui vont plus loin encore

ceux qui regardent ces formes parfaites et y voient le reflet de visiteurs non humains un murmure métallique venu d’ailleurs un savoir déposé puis perdu comme un livre qu’on aurait refermé avant d’en lire la fin


ces voix murmurent que l’humanité a oublié quelque chose

une technique
une alliance
un contact

mais d’autres plus sobres observent et creusent

ils trouvent des couches de sable des outils de pierre des fragments de poterie des datations qui parlent d’un peuple organisé laborieux ancré dans la terre et dans la foi

ils disent 
pas besoin d’extraterrestres la grandeur humaine suffit 
quand elle s’accorde avec la patience

et les blocs demeurent immobiles témoins d’un effort titanesque d’une science du geste plus que de la machine

entre eux 
les théories s’empilent comme les pierres 

certaines solides d’autres friables

les mots glissent entre les interstices 

géopolymère
gravité mythe exactitude mystère

et tout se confond 
l’histoire la légende l’étonnement

ce qui est sûr c’est que quelqu’un un jour a voulu dresser là 
une idée de perfection 

et que cette idée
des siècles plus tard 
continue d’exiger des réponses







poursuite de la fiction désormais écrite comme un chant sans ponctuation un flux verbal qui se déploie entre prose et incantation dans la lignée de Borges et d’Ezra Pound où la pierre devient mémoire le temps un texte et la science une prière oubliée


ils disent que la pierre dort mais la pierre ne dort jamais elle attend elle pèse le silence elle s’abreuve du vide comme d’une eau ancienne et dans ses veines minérales circule la lenteur du monde sous la poussière des siècles un ordre respire une logique sans langage les blocs se souviennent de l’instant où le monde s’est mis debout où l’homme a voulu égaler la géométrie de la lumière

et moi je cherche non pas les preuves mais la syntaxe du réel je gratte les angles pour entendre le murmure de l’angle droit cette prière muette à la précision absolue ce lieu n’est pas un lieu mais une mémoire pliée sur elle-même un miroir de pierre où se reflète le premier mot de toute architecture et ce mot n’a pas été prononcé il a été pensé seulement pensé et la pensée a figé la matière

certains ont dit qu’une civilisation s’y est éteinte mais je crois plutôt que c’est le monde qui a oublié comment parler pierre la langue du poids et du vent la langue des distances immobiles

je descends dans la poussière comme dans un alphabet d’avant le feu les lignes des blocs tracent des équations impossibles à résoudre à moins d’abandonner la raison il n’y a pas de dieux ici seulement des gestes précis répétés jusqu’à l’extase chaque jointure chaque arête est une syllabe du silence le temple n’a jamais été construit il est toujours en train de se construire dans le regard de celui qui le contemple

et quand la nuit tombe les ombres s’ajustent entre les pierres comme des pensées revenant à leur source alors je comprends que la perfection n’est pas un but mais une ruine inversée une ruine qui s’élève au lieu de s’effondrer

j’ai cru entendre une fois le mot originel celui qui donna à la pierre son ordre et à l’homme sa fatigue mais le vent l’a repris avant qu’il ne se forme entièrement depuis je continue à creuser non pour trouver mais pour perdre je cherche la limite où la matière devient mémoire et où la mémoire se dissout en lumière

dans le centre du centre il y a un vide et dans ce vide dort un souffle et ce souffle contient le plan de tout ce qui fut et de tout ce qui sera je ne sais plus si je lis le monde ou si le monde me lit 

peut-être ne suis-je 
qu’un fragment de pierre qui se souvient 
d’avoir été homme





 


collage textuel 

fragments d’un silence


le vent parle en chiffres romains














une horloge se déplie sous la peau du ciel


je t’ai cherché dans les archives du sel


les journaux d’hier saignent encore du mot avenir


quelqu’un écrit  la lumière est un mensonge exact


une autre voix répond  non un souvenir qui brûle lentement


entre deux coupures de texte le monde respire


les phrases ne se suivent plus elles s’écoutent


dans la marge blanchie d’un vieux livre


le réel se colle à la page comme un insecte endormi





hétérogène
ce qui n’est pas d’une seule nature
ce qui mêle des éléments différents dans une même forme
un ensemble composite instable ouvert à la différence
le contraire d’homogène
l’hétérogène crée du relief du frottement du possible



un 
choc 
poétique ou 
critique











aigu fermé

creux lumineux fragile suspendu


obtus ouvert

large tranquille profond étendu


lumière ombrage

clarté sombre danse diffuse


calcaire éclair

blanc dur fugace frappant














valeur d’usage


utilité concrète 

d’un objet pour satisfaire un besoin ou un désir


valeur d’échange


capacité d’un objet à être échangé 

contre d’autres biens ou argent sur le marché


dans une perspective marxiste la tension entre ces deux valeurs révèle les contradictions du capitalisme : ce qui est utile ne détermine pas toujours ce qui est échangé et vice versa














 


les Saisies

ayant lu un chant


une neige légère 
une avait été tombée

le monde 
s’était arrêté dans le blanc












les mots 
glissaient sur les toits silencieux 
chaque 

lettre 
portait 
un frisson de flocon

le temps lui-même semblait 
effacé
ne restait 
que 

la trace fragile
d’une lumière suspendue entre ciel et terre



massif glacé racine scintillante et tout si loin














le monde s’étire  minéral les pierres retiennent le vent comme mémoire chaque éclat brille d’un silence ancien tout se perd dans la distance et pourtant demeure 

le regard tombe sur des strates invisibles 

l’espace devient corps et pensée mêlés 


loin 
n’est pas vide 
mais résonance 
profonde








poésie langue cryptée

système de signes qui se cache derrière lui-même



les mots 

ne disent pas directement 

ils murmurent


chaque phrase est clé et serrure à la fois


la compréhension 

exige 

patience et attention















c’est 

un langage de secrets et d’échos
où 

le sens 

se dérobe et se révèle par fragments




il faut prendre la vie par la circonférence


ne pas saisir le centre ni l’axe
mais effleurer le bord en tous points
sentir le monde comme une sphère qui tourne doucement
chaque contour révèle sa propre densité
chaque périphérie respire et se répond
ainsi le cœur de l’existence se devine
sans jamais être possédé
un mouvement circulaire où l’être se découvre dans l’écart






je 
me demande 
combien de temps 
ça mettra à s'écrire dans 
ma direction




























 
Noirmoutier
   Flower of Salt



le grain du temps dans le sel






trace d’un monde avant la mer


mémoire dissoute revenue à la surface



le sel 

pense lentement 

sous la langue



il parle 

du feu ancien 

de la lenteur des âges



le temps 

s’y loge 

comme 

une cendre claire



chaque cristal respire l’écho d’une origine


ce qui 

fut lumière devient saveur 
ce qui 

fut durée devient grain


dans 

le grain 

dort 

la totalité du ciel



invisible spirale de matière et de souvenir


le monde 

n’a jamais commencé 

il se répète 

en silence



dans 

le sel du souffle 
dans 

le goût du réel




sel alchimique cristal suspendu entre feu et eau il garde en lui le secret de la forme chaque grain retient la mémoire des éléments stabilité au cœur du flux du monde il fixe l’éphémère le transforme en permanence
résidu pur d’un feu invisible pont entre chair et esprit corps et souffle liés dans la lumière de la transmutation le sel ne change pas il révèle dans sa dureté repose la douceur de l’immortalité et 

le goût même du temps 
se lit dans sa 
blancheur









passage du Gois à vélo fin septembre 2025

de la Savoie à l'Atlantique



















thought-poetry

la pensée-poésie 

réclame 

de larges tranches de temps









elle avance 

lentement dans la matière du jour


cherche 

le mot qui respire juste


s’attarde 

dans les marges où le silence 

travaille



rien ne se presse tout s’approfondit


comme si 


le sens devait pousser 

à 
la manière 
d’

un arbre


dans 
l’épaisseur 
du 


temps qui consent à l’attente 



le temps 


il s’étire 


il ne fuit pas il écoute


il se tient dans l’espace où rien ne presse


où 

le devenir 

respire à pas mesurés


comme 

une main posée sur la lumière


un temps qui sait que mûrir c’est demeurer




















on the road to the Mountain


le temps est un grand voyageur irrégulier

il marche 

sans direction 

certaine














parfois 

il s’arrête dans un arbre
parfois 

il traverse le jour 
sans le voir




il oublie ce qu’il emporte



laisse derrière 

lui 

des ombres qui respirent encore


reprend 

la route vers rien de fixe


comme 

un vent qui se souvient








il passe entre les herbes sans les froisser
porte des noms effacés sur sa langue d’air


ramène des échos de montagnes anciennes
le parfum d’une pluie disparue


il sait où reposent les voix
il les réveille parfois d’un frisson léger




ce 

vent-là 

ne 
souffle 
pas 

il murmure

















 LAKE OF LOVE



la matière du langage 

ploie 

sous sa propre gravité
















chaque syllabe 

garde 

une mémoire de roche



un poids d’origine dans la gorge du monde



le sens 

n’est plus direction mais 

sédiment


un dépôt de souffle 

que l’on ne peut 

soulever


tout poème 

est 

un éboulement lent


où le mot 

finit par rejoindre 

la pierre






il se tait lentement dans la bouche du monde


ce qui fut souffle devient densité
ce qui vibrait devient forme immobile


et pourtant 
dans la pierre 
dort encore le verbe


un battement minéral une mémoire d’écho



le langage 

se souvient de sa matière

la matière du mot oublié














 

dense fragmenté abstrait 
où le sens se tord et se reforme dans la matière même du langage 

terrain de rumeur


ce n’est pas la pierre 

mais le reste du mot qui s’incline



l’angle s’efface sous la lumière 

inexacte

















mesure détournée 

des flux 

internes



un champ de signaux 

traverse 

la chair du jour


le souffle 

calcule 

la distance entre deux absences



comme si 

le calcul voulait être 

mémoire


ou si 

la mémoire s’agenouillait 

dans le métal


ce que 

nous nommons vent est 

un accord différé



la structure 

se défait dans son propre 

rythme



aucune origine 

seulement des variations 

de seuil



le visible 

s’oublie à mesure qu’il s’exprime


au bord 

du réel 

un chiffre hésite



non pas pour dire mais pour se taire 

autrement















poetry

syntaxe oblique et instabilité du sens

la phrase ne s’installe jamais dans une structure fixe 

 

elle 
glisse

se suspend
se replie sur elle-même


ce n’est pas la pierre mais le reste du mot qui s’incline





























on ne sait plus si la pierre est réelle métaphorique 
linguistique 

la phrase fabrique son propre champ de tension
sans clôture logique



lexique scientifique et poétique entremêlé

vocabulaire scientifique 
technique  
vision lyrique

pour désorienter la lecture 
tout en élargissant la portée du langage


mesure 
détournée des flux internes

le souffle calcule 
la distance entre deux absences



tension 
entre physique et métaphysique
entre calcul et souffle 

deux régimes du réel qui cohabitent sans hiérarchie




abstraction incarnée

le poème ne décrit rien mais fait advenir une matière verbale  
le langage devient expérience
les mots agissent comme des objets sonores ou des surfaces de contact


la structure se défait dans son propre rythme


décrit aussi bien la phrase que le monde qu’elle évoque




effacement du sujet

le je disparaît  

il n’y a plus de locuteur identifiable
seulement un champ de forces où le langage pense à travers lui même

cela crée un effet impersonnel
presque minéral 
la parole devient phénomène plutôt que confession



le sens comme vibration

au lieu d’un message
un événement linguistique  
le sens n’est jamais donné
il oscille se cherche

aucune origine seulement des variations de seuil

ce qui compte, ce n’est pas le contenu mais le mouvement du passage
la vibration du seuil où la pensée devient matière
















Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage.
Henri Michaux , Face aux verrous.

Du "Dao" originel
du commencement du réel
des signes célestes
des formes terrestres
des règles saisonnières
de l'examen des choses obscures
des esprits essentiels
de la chaîne originelle
de l'art du maître
des évaluations fallacieuses
de l'équivalence des moeurs
des résonances du "Dao"
de l'inconstance des choses
des paroles probantes
de l'utilisation des armes
montagne de propos
forêt de propos
du monde des hommes
du devoir de se cultiver
de la synthèse ultime


"ô le plus violent paradis"

Libellés

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A1 A10 A2 A3 A4 A5 A6 A7 A8 A9 AB ABDL Abécédaire Aboulafia Abréviations Abrüpt Abruzzo ACC Acker acronyme Actis Actualités ADBP Adorno ADR Adrénaline ADUMC Advaita Agamben Agenda AgnèsMartin Agrafe et boite Ainsité AIR Air du temps akasha Akhmatova AL Alain de Lille Alan Davies Albiach Alchimie Alechinsky Aleph ALF Alferi alien Alina Reyes ALTH AM Amande Ammons Amor fati AN Anagrammes Anaphore Anaximandre Anders André Breton André du Bouchet André Velter Andy Goldsworthy animal animation Annick Ranvier Annonciations Anthologie Antin David AP Aphaïa aphorismes Apollonios aporie Appelfeld Approche APUMM APZ Arago Aram Saroyan Arbres Archéopoésie ArgentOr Aristote Arp Arseguel Art sacré ARTHAUD AS ASDMI ASF Ashbery ASLEND Assez Astrologie Atlantide attente Aurélien Barrau Aurore Automne Auxméry AVB Avec Avent AW axiologie Axiomes Azam B B.Celerier Babel BABIL Bachmann Baies Baigaitu BAM Banal Bandeaux Barque Barré Barry Lopez Barthes Bashô Basque Basquin Bataille Battala BAZAR BDLE BDLF Beaufortain Beckett Beckford Benedetto Bénézet Benoît Labre Benveniste Bergounioux Bernstein bête Bhattacharya bibliographie Bibliothèques bientôt Bimot Binet bio biographie BioMobiles Biopsies Bishop BISSES1 Bivouac Blackburn Blaine Blanc Blanchot Blanqui Blaser Blau Duplessis Bleu Bobin Bochner Bohm boisflotté bord de terre Borges Bouddha Bouthonnier Bouvier Bozier Brautigan Bretagne Bribes Briciole bricoleur Brisset Broodthaers Bruckner Bryen BSRM Butor Byron C C.C C.D.A C.E.T C.F. C.Olson çacest café calcul Camino Campo Cantos Capital Capricorne Captures Carl Andre carnet Carson Carte postale Cartes et globes Carver Casas Cavale cavernes Cazier CCB CCEM CDLP CDLRP CDMDCDD CDN CDRSLS CDS ce ce qui est ceci cela Céline Celui Cendras cequej'aime Cerbelaud cercles Cerf Ceux Cézanne CGJ CH5 chaman Champs chant chant1 Chants et Poésies Chappuis Char chartres Chartreuse Chaton Chemins ChenZhen Chladni Choeur Choisir Chômei Chose Christian Dotremont christo Chu-Ta Ciel Ciel profond Cioran Circé citations civilisations CL Claude Favre Claude Simon Clausewitz CLBC Climat Closky Clouscard CMDOT Code Cole collages coller Collines collobert Combines Côme comme comment Compact compostelle conatus conscience constitution contingence contre conversation Copier Corbeau corpus Cortazar couleur covid CP Cravan Creeley cri CS.PAP CSB CSMM Cummings cut Cut 1 CV Cyber cycle Cyrano CyT D.SNLS Dada DALA Dans Danse Dao Dates DCPC DD DDLR de De Vries Decout DEE definition définitions DEGAULLE Deguy Deleuze Delillo délires Démocrite Denis Roche Déplacement Dérive Derrida Des Déserts Désir Détails Détournement DETQC Dextre DFRC DH DI Diable Dialogues Dickinson Dillard Diogène Divers DJLC DLADLS DLNI DMI DMOAM Domerg Donne Dryas DSDLDS Duchamp DUM Dumond Duncan DUNE Duras Durer Duvauroux DVDC Dworkin E E.Baer E.C E.E. E.O E.P. EA EAIO EB écart énigme Echenoz échos Echos L.A. Eckhart Tolle Eco Ecosse écoute écritures Eddas EDG EDJ EDLCDS EDLF Edmond Jabès EDO EIJS elle ELLEDIT ELLELL Elles Ellul EM Emmerson Empédocle EN ENCORE encres et musique Encres et peintures Ennéade ennui EnSof Entre entrelacs environnement Eons EPE épiphanies épistémologie EPLA ère ERRER Escher ESE Eshleman Esnault ESPA Espace Espitallier essais ét été Etel Adnan ETLPDMP Etna étoile Etymologie Eucharistie Euler évangile Eventail Exergue F F.A. F.EAA F.O F.Pirates FAA Fable Fadeur faits FAJ Faune Fayçal Fengliu feu Fiction Films FiniSol Finkielkraut FIVE FL Flore fmr FNAR Foligno Forest Foucault Fourcade Fourier FP FQPCC Fractales Fragme Fragments France François Cheng Frappat Frémon Fréquences Fugue Fuji Futur G.C.L. G.Luca G.R.I Gary Snyder Gaza GB GDD GDLMC GDT GEGO genese Genet Genji Géologie géométrie géophanie Géopoésie Gervais Geulincx GIA Gif Giffard Giovannoni Girard Giraud Giroux Gizzi Gleize Glossaire GMH Gnoséologie Gobenceaux Godard Godwin Goethe Gombrowicz Gongora Goodman Nelson GOPC GPDB GR54 GR70 GR91 Graal Grâces Gramm gris Grothendieck Guerre Guesdon Guy Debord Guyau Guyotat GVDT GWFH Gygès H H.D. H.P Hadot Haenel haïku Hamant Hamish Fulton Hamon Harms Harrari Hart Crane Hausmann Havet HE Heaney Hécate Hegel Heidegger Henri Michaux Henri Thomas Herbes Herta Müller Hésiode Hesse Heures hexagrammes HFSR HHPC Hikmet Hillesum Hiroshi Yoshida Histoire HM HN HO Hocquard Hofmannsthal Hohl Hölderlin Hominidés homonymies Houellebecq HR. HRC HS HSCDLAE HTH Hubin Hugo Ball Huguenin Hume HV Hymnes orphiques Hypérion hypertexte Hypnos i I remember I.P-B. IA ici idéogrammatique IDLR IFE Igitur il Illuminations illuminer illuminisme ILVLA ilya immédiat immédiatement Impensable impératif imperceptible Impresses Index individu Infini Infinitif initiales inquiétude Insectes installation instant Internet Interrompre invisible Irwin Ishihara Isidore Isis isolato Issa italiques Ivsic J-P Michel J.J.F.W. J.J.U. J.L.P Jaccottet jaime Jakobson Jankélévitch Jardin JAZ JBE JCERDM JDLF JDS JE JE & Jean jean Daive Jean Michel Lou JELRLT Jesuis Jésus jeu JHN Jirgl Joan Mitchell John Cage Jouffroy jour jour17 Journal Jours jours17 Jousse JR Juarroz Jullien JYL K.G K.K Kabîr Kafka Kairos Kaplan Kapoor Kathleen Raine Katué Kawara Kay Ryan KDCN KDICK Keats Kenneth White Kerouac Khazar Khlebnikov khôra Kiarostami Kingsley Kircher KK KLTDD koan Koons Koshkonong Kosuth KOUA Kral Kuhn Kundera Kunitz Kybalion L.A.S L.D. 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Oppen OR Oraison Orcia Orphée Orwell Oscar Oscarine Bosquet OSMH oui ours Ovide P.A P.B.Shelley P.L. P.observatoire P.P. P48 Paddle Padirac Pages PalestineIsraël palimpseste Palmer Paolo Icaro papier PAR Para Paracelse Paradis Parant parapoésie parenthèse parfum Parian Paris Parlant Parménide Paroles particules Pascal pasolini Passages Paul Celan Paul Valéry Paysages PB PC PCJDA PDJVS PDLBELM PDLC PDLE PDM Pêche peck peintures numériques L.A. peirce Pennequin Penone PEPDLE Perec performance permaculture Pessoa Peuchmard peut-être PGDR Ph.Beck pharmakon Phi Philippe Grand Philippe Sollers philologie Photographes PHPN Phrases phusis Pi Pierres Pierrette Bloch Pieuvre Pin Pise Pivot Pizarnik Plagiat planètes Plankl Platon Pléonectique Pleynet plongeur Plotin Pluie Plus PM PNQ PNSLTS PO POCP Podiensis poésie Poignant Poindron Points Politikos polygraphe pommes Ponge Pour praxis prénoms prépositions presque Prière Printemps Prokosch Promenade Properce propositions Proust PRYNNE Psaumes PSDUP ptyx PUB puiser puissance Pyramides Pyrrhon PYS qi Qualia quand quantique Quatrebarbes quelqu'un QuelqueChose quelquefois quelquepart question Questions Qui Quignard Quiz quoi Quotidien R.G.Lecomte R.M. 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SDM Sel selon SELP Seneca Sénèque Sengaï SGM Shakespeare Shitao Shiva Shônagon SI Sicard signal Signes Signets Sikelianos silenc SILENCE Silesius Silliman Simmel Simon Cutts Sinclair singularité Situation Sivan six SJDC Skalova Ski SLFDM soleil solénoïde Solutré Sommeil Sonnets Sons Sor Juana Sôseki Soto Soufi Soufre Soulages Souligne Sous le Pas SP SPHS SPiced Spicer Spinoza Spira spirale sport SPRCGB SPSLSA Squires SSM Stéfan Stein Steiner steppe Stromboli Structure Suarès SUBHDLH Suchère Suel suite Sun Tzu sur Suso sutras Swensen Synchronicité synonymes Synopsis T T.A T.C T.R T.S.Eliot Tabarini Takis Tanizaki tantôt TAOPY Tardy Tarkos TC Tchékhov TDQ TDUESDS TEL Temps Temps probable TeneT Tétralemme TEXTES Thalès Thé Théorie Tholomé Thoreau timbres TINTIN Tissu Titres TLP TN Tocqueville Todtnauberg tomates TOPOS Torque Toscane Toujours TouT TP TP.BN Traces Traduire Trains translucide TRICTRAC Triste époque Tsvetaeva TT TU Tumulte Tunnel Tweets Twillight Typoésie u.p.d.d.v UCCDC UCDD UDP UJAAB UJAJS Ukraine ULDLLA Ulysse UMO UMP UN UNM unmot UPDS UPSA usura UVD V V.E V.I. 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