la cathédrale
Notre-Dame de Chartres
par Corot
Chartres
dans la Recherche
Certains noms de villes,
Vézelay
ou
Chartres, Bourges
ou
Beauvais
servent à désigner,
par abréviation,
leur église principale.
Cette acception partielle où
nous le prenons si souvent, finit
s’il s’agit de lieux
que nous ne connaissons
pas encore,
par sculpter le nom tout entier
qui dès lors quand nous voudrons y faire entrer
l’idée de la ville
de la ville
que nous n’avons jamais
vue,
lui imposera
comme un moule,
les mêmes ciselures,
et du même style, en fera une sorte
de grande cathédrale.
Marcel Proust qui construisait
À la recherche du temps perdu
comme une cathédrale
cite celle-là
une dizaine de fois
la première
dans sa version peinte
par Corot
Elle [la grand’mère du Héros] essayait de ruser et sinon d’éliminer entièrement la banalité commerciale, du moins de la réduire, d’y substituer pour la plus grande partie de l’art encore, d’y introduire comme plusieurs « épaisseurs » d’art : au lieu de photographies de la Cathédrale de Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle se renseignait auprès de Swann si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, et préférait me donner des photographies de la Cathédrale de Chartres par Corot, des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, ce qui faisait un degré d’art de plus.
un jour, au détour d’une petite rue provinciale, j’aperçus, en face du croisement de trois ruelles, une muraille fruste et surélevée, avec des verrières percées en haut et offrant le même aspect asymétrique que l’abside de Combray. Alors je ne me suis pas demandé comme à Chartres ou à Reims avec quelle puissance y était exprimé le sentiment religieux, mais je me suis involontairement écrié : « L’Église ! »
[Swann sur La Berma dans Phèdre, dans le Cid :]: « Cela vous donnera une vision aussi noble que n’importe quel chef-d’œuvre, je ne sais pas moi… que — et il se mit à rire — « les Reines de Chartres ! »
[Le curé de Combray :] l’église a des vitraux superbes, presque tous modernes, et cette imposante Entrée de Louis-Philippe à Combray qui serait mieux à sa place à Combray même, et qui vaut, dit-on, la fameuse verrière de Chartres.
L’église de Balbec est admirable, n’est-ce pas, Monsieur [Norpois] ? demandai-je, surmontant la tristesse d’avoir appris qu’un des attraits de Balbec résidait dans ses coquettes villas.
Non, elle n’est pas mal, mais enfin elle ne peut soutenir la comparaison avec ces véritables bijoux ciselés que sont les cathédrales de Reims, de Chartres, et à mon goût, la perle de toutes, la Sainte-Chapelle de Paris.
la terre héréditaire, le poétique domaine où cette race altière de Guermantes, comme une tour jaunissante et fleuronnée qui traverse les âges, s’élevait déjà sur la France, alors que le ciel était encore vide là où devaient plus tard surgir Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Chartres ; alors qu’au sommet de la colline de Laon la nef de la cathédrale ne s’était pas posée comme l’Arche du Déluge au sommet du mont Ararat, emplie de Patriarches et de Justes anxieusement penchés aux fenêtres pour voir si la colère de Dieu s’est apaisée, emportant avec elle les types des végétaux qui multiplieront sur la terre, débordante d’animaux qui s’échappent jusque par les tours où des bœufs, se promenant paisiblement sur la toiture, regardent de haut les plaines de Champagne ; alors que le voyageur qui quittait Beauvais à la fin du jour ne voyait pas encore le suivre en tournoyant, dépliées sur l’écran d’or du couchant, les ailes noires et ramifiées de la cathédrale.
[Mme de Cambremer sur les Verdurin qui lui louent la Raspelière :] Que voulez-vous, ces gens, ils ne savent pas, où auraient-ils appris ? ça doit être de gros commerçants retirés. C’est déjà pas mal pour eux. — Les chandeliers m’ont paru beaux», dit le marquis, sans qu’on sût pourquoi il exceptait les chandeliers, de même qu’inévitablement, chaque fois qu’on parlait d’une église, que ce fût la cathédrale de Chartres, de Reims, d’Amiens, ou l’église de Balbec, ce qu’il s’empressait toujours de citer comme admirable c’était : « le buffet d’orgue, la chaire et les œuvres de miséricorde »
[Le Héros à Albertine :] Ce que les vieux quartiers contiennent de poésie a été extrait jusqu’à la dernière goutte, mais certaines maisons nouvellement bâties pour de petits bourgeois cossus, dans des quartiers neufs, où la pierre trop blanche est fraîchement sciée, ne déchirent-elles pas l’air torride de midi en juillet, à l’heure où les commerçants reviennent déjeuner dans la banlieue, d’un cri aussi acide que l’odeur des cerises attendant que le déjeuner soit servi dans la salle à manger obscure, où les prismes de verre pour poser les couteaux projettent des feux multicolores et aussi beaux que les verrières de Chartres ? — Ce que vous êtes gentil! Si je deviens jamais intelligente, ce sera grâce à vous.