16ème examen
laisse les fous agir
et sans but et sans cause
tu dois
dans le présent contempler
l'avenir
c'est à dire tu dois considérer quels seront les résultats de telle ou telle action et songer que ces résultats sont dépendants de ta volonté tandis que l'action demeure en suspens et libres tandis qu'ils sont encore à naître deviendront le domaine de la Nécessité à l'instant où l'action sera exécutée et croissant dans le passé une fois qu'ils auront pris naissance concourront à former le canevas d'un nouvel avenir
remarquons bien ceci
l'avenir se compose du passé
c'est-à-dire que la route que l'homme parcourt dans le temps, et qu'il modifie au moyen de la puissance libre de sa volonté il l'a déjà parcourue et modifiée de la même manière, pour me servir d'une image sensible que la terre décrivant son orbite annuelle autour du soleil selon le système moderne parcourt les mêmes espaces et voit se déployer autour d'elle à peu près les mêmes aspects :
en sorte que suivant de nouveau une route qu'il s'est tracée l'homme pourrait non seulement y reconnaître l'empreinte de ses pas, mais prévoir d'avance les objets qu'il va y rencontrer puisqu'il les a déjà vus si sa mémoire en conservait l'image et si cette image n'était point effacée par une suite nécessaire de sa nature et des lois providentielles qui le régissent
le principe par lequel on posait que l'avenir n'est qu'un retour du passé ne suffisait donc pas pour en connaître même le canevas
on avait besoin d'un second principe, et ce principe annoncé ouvertement dans les Vers dorés, ainsi que nous le verrons plus loin était celui par lequel on établissait que la Nature est semblable partout et par conséquent que son action étant uniforme dans la plus petite sphère comme dans la plus grande dans la plus haute comme dans la plus basse, on peut inférer de l'une à l'autre, et prononcer par analogie
ce principe découlait du dogme antique sur l'animation de l'Univers tant en général qu'en particulier dogme consacré chez toutes les Nations et d'après lequel on enseignait que non seulement le Grand Tout mais les Mondes innombrables qui en sont comme les membres les Cieux et le Ciel des Cieux les Astres et tous les Êtres qui les peuplent jusqu'aux plantes mêmes et aux métaux, sont pénétrés par la même âme et mus par le même Esprit