Craduire
se doter volontairement d’une incompétence
désapprendre les langues
comprendre autre chose que ce qu’il faudrait
Golden boy
Ramasseur de pommes
Ah hoc
Officier de marine
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
interdit de publication pendant des années refusant de se rendre à la cérémonie de remise du Grand Prix national de poésie qui lui était décerné au motif qu’il n’avais pas de chaussures...
LE PIN
comme il est beau ce vieux pin blanc
sur les collines de ton enfance
que tu es revenu visiter aujourd'hui...
son murmure c'est tout le souvenir de tes morts
et tu songes à quand ce sera ton tour
son murmure c'est pour toi
comme si tu avais écrit ton dernier livre
et n'avais maintenant qu'à te taire et pleurer
pour que la parole fleurisse...
ce qu'a été ta vie
tu as quitté connu pour inconnu
et ton destin
il ne t'a souri qu'une fois et tu n'étais pas là...
ce qu’une couleur
nous dit sans jamais se poser
le vert est moins instable a besoin de racines
la poésie n’est pas
racontable
intrigue
c’est un fait
boue
lac
ciel
rouge
triste
cinq
se séparer
s’observer
scier
formeront un monde si tu les fais tournoyer
les jours d’oubli
traversent le temps
deux cycles se croisent
cycle
du crépuscule
s’approfondissant vers la lune noire
cycle
des transformation mûrissant
j’ai ouvert
le Livre de la voie et de la vertu
je suis un fleuve
un fleuve
un fleuve
cristallin dans le
matin
rien n'est plus accessible à l'esprit que l'infini
un éternel retour n’est jamais celui du même
le point de vue a changé et change tout
un paon avec une traîne de feu
une étoile filante lâchant des grêlons
un nuage ceint de lierre
un miroir d'Orient
un parc varié et ombragé
un vieux chêne ramper ventre à terre
une fourmi en train d’avaler une baleine
une mer saumâtre écumant de bière
un verre de Venise profond de vingt pieds
un puits débordant de larmes
une maison plus haut dans le ciel que la lune
une épouvante mesurée à l'endroit de la mort
...
j’ai vu
le soleil briller à minuit
j’ai vu
l’homme qui a contemplé toutes ces merveilles
des yeux d’hommes en feu
elle
ne dessine pas
ne chante
pas
elle guide l’archet à la voix noire
elle se contente de boire la vie
elle aime les guêpes fortes et rusées
rêve
elle trouve sa maison vide
tout le vin bu
*
détournée la rivière
nudité volée
effacée l’épitaphe
*
blanc sur blanc
paroles sans raison
*
peinture
effort auquel est soumise la matière pour devenir
lumière
les couleurs
sont les différents chemins et les différents moyens
que cet effort emprunte
*
la langue n’est pas liée à la vie
le langage ne répond pas à un besoin
son usage ne remplit pas une fonction
les rappes et les étoiles
les étoiles et le feuillage
dans quelle floraison le vrai
quel est ce pouvoir en partage
le langage
dit plus qu’il n’est besoin qu’on dise
le fait de parler n’est pas un acte nécessaire
Aristote
la voix est un luxe sans lequel la vie est possible
tout l’exprimable est sans rapport à ce que suppose
la survie d’une espèce
luxe
déséquilibre
excès qui les fondent
qui les entraînent sans qu’une fin les ordonne
la vision des guêpes étroites
l’axe de la terre
je pressens
tout ce qu’il m’a fallu connaître
Je m’en souviens par cœur et vainement