nous sommes tous des enfants de migrants
Après tout
les réfugiés ne font que revenir
Georges Didi-Huberman
Niki Giannari
Passer quoi qu’il en coûte
éditions de Minuit
2017
p. 31 32
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
nous sommes tous des enfants de migrants
Après tout
les réfugiés ne font que revenir
Georges Didi-Huberman
Niki Giannari
Passer quoi qu’il en coûte
éditions de Minuit
2017
p. 31 32
les trois temps sont
un caillou
plat lancé sur la glace
la recherche
fantasmagorique de l’Orrorin
devient mon Graal
ma coupe
est transformée
en dents
j'ai
appris le feu
seul et désespéré
face au noir immense
la foudre est ma sœur
ma véritable
sœur
le cheval ou le bison
sont les souffles portés sur moi
*
beauté
vêtue de neige et partout
nudité
de l’été
un parfum
liquide emprisonné
entre des murs de verre
les
fleurs
distillées
confrontées à l’hiver
perdent leur apparence
leur essence
survit
hiver
lumière
solstice d’hiver
tambourins de glace
elle ferme les yeux
il y a
un monde muet
il y a
une fissure
les morts passent la frontière
en cachette
traces
trous noirs
vive Voix
éclipses
rendez-vous célestes
feu du ciel
météores et astéroïdes
cherche midi
rendez-vous de Vénus
bâton d’Euclide
roman
la bibliothèque d’Alexandrie
les poètes et l’univers
cherche minuit
figures du ciel
!
noir soleil
c’est quand le monde cesse d’être la scène de mes espoirs et de mes souhaits personnels quand je le contemple en être libre qui admire interroge et observe c’est à ce moment-là que je pénètre dans le royaume de l’Art et de la Science
eux
imprégnés de la Vérité
ils étaient les intimes des dieux
les sages anciens
les pères
retrouvèrent
vraiment la lumière cachée
et
maîtrisant les mantras porteurs de vérité
ils firent naître
l’Aurore
des approches récentes et encore spéculatives comme la gravité quantique les théories multi-dimensionnelles et la topologie cosmique ouvrent des perspectives inédites sur ces questions étayées par de surprenantes observations astronomiques
l’espace fini mais de topologie multiplement connexe donne l’illusion d’un espace plus vaste peuplé d’un certain nombre de galaxies fantômes
l’univers observable acquiert la forme d’un cristal dont seule une maille correspond à l’espace réel les autres mailles étant des répliques distordues emplies d’images topologiques
un espace
un cristal
une maille
le soleil
est bas maintenant
mon ombre est géante
bientôt
tout est ombre
à travers l’ouïe
nous sommes sensibles à des fréquences de vibration
qui vont jusqu’à 20 000 fois
par seconde
!
un millième de seconde
la vision ne perçoit jamais quelque chose à cette vitesse : dès que ça va plus vite qu’un vingt-cinquième de seconde comme c’est le cas au cinéma les films étant diffusés à 25 images par seconde on a l’impression que c’est continu…
seuls la musique des sphères la harpe éolienne et quelques instruments électroniques récents se passent de l’homme pour être mis en vibration.
c’est finalement au corps humain que revient le rôle d’agitateur de stimulateur et d’organisateur de la matière sonore
le chant des pulsars
le chant des étoiles en train de mourir
nous parviennent au travers du silence du vide
les formes de l’univers restent indéchiffrables
et nos chères théories de la gravité généralisée
montrent leurs limites
et nous
les êtres d’après le big-band
recherchons pathétiquement des théories unitaires
qui rétabliraient l’harmonie
du monde.