Arc-En-Ciel
pont fragile
né d’une pluie dissoute
spectre suspendu entre deux silences
promesse sans lieu où la lumière se souvient
d’avoir traversé l’ombre
prochain mot
Pyramide
montée figée vers l’invisible
solide pensée tournée en pierre
silence triangulaire
où le temps s’empile
jusqu’à devenir énigme
L’Arc-en-ciel et la Pyramide
l’arc-en-ciel
est
apparition
une courbe lumineuse
éphémère suspendue entre ciel et pluie
il ne fonde rien il révèle
il n’appartient à aucun lieu
il glisse disparaît
revient
il est pur phénomène
un pont sans matière
une forme née d’un angle
une beauté conditionnelle
l’arc-en-ciel célèbre l’instable le passage la transparence
un monde sans poids
la pyramide
est
masse
un socle une montée un sommet
elle s’enracine dans la terre elle défie les siècles
elle affirme la durée
la pyramide est une volonté de fixer l’invisible dans la pierre
d’ériger le sens dans une forme indestructible
elle ne passe pas
elle demeure
entre l’arc-en-ciel et la pyramide
se joue la tension entre l’apparaître et le durer
entre la lumière sans poids et la forme pleine de gravité
l’un est verticalité immobile
l’autre verticalité fuyante
l’un veut toucher l’éternité par la solidité
l’autre par la vibration
l’existence oscille entre ces deux puissances
être trace
ou
être monument
être souffle
ou
être structure
peut-être
les deux à la fois
un instant