victorieuse
le mode de contrôle du souffle dit
la victorieuse
se pratique
ainsi
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
victorieuse
le mode de contrôle du souffle dit
la victorieuse
se pratique
ainsi
XXVII
quand
le poète peint l’enfer
il peint sa vie
sa vie
ombre qui fuit
de spectres poursuivie
forêt mystérieuse où ses pas
effrayés
s’égarent à tâtons hors des chemins
frayés
noir voyage
obstrué de rencontres
difformes
spirale
aux bords douteux
aux profondeurs énormes
dont les cercles
hideux vont toujours plus avant
dans
une ombre
où se meut l’enfer vague et vivant
cette rampe
se perd dans la brume indécise
au bas
de chaque marche
une plainte est assise
et l’on y voit passer avec
un faible bruit
des grincements de dents blancs
dans la sombre nuit
là sont les visions
les rêves
les chimères
les yeux
que la douleur change en sources amères
l’amour
couple enlacé triste et toujours brûlant
qui dans
un tourbillon passe
une plaie au flanc
dans
un coin
la vengeance et la faim
sœurs impies
sur
un crâne
rongé côte à côte accroupies
puis la pâle misère au sourire appauvri
l’ambition
l’orgueil de soi-même nourri
et la luxure immonde
et l’avarice infâme
tous les manteaux
de plomb dont peut se charger l’âme
plus loin
la lâcheté la peur la trahison
offrant des clefs à vendre et goûtant
du poison
et puis
plus bas encore
et tout au fond du gouffre
le masque grimaçant de la Haine qui souffre
oui
c’est bien là la vie
ô poète inspiré
et son chemin brumeux d’obstacles
encombré
mais
pour que rien n’y manque
en cette route étroite
vous nous montrez toujours debout
à votre droite
le génie au front calme
aux yeux pleins de rayons
le Virgile serein
qui dit
continuons
6 août 1836
Victor Hugo
après
une lecture de Dante
les Voix intérieures
Ollendorf
1909
17 p. 451-452